J’ai vu tôt un matin cet écrivain : Chabrol !
Il m’a parlé de toi, du coin vers la rivière
Près de Saint Jean du Gard, en pays cévenol
D’où la source jaillit pour remplir l’aiguière.
C’est une onde limpide en bas des traversiers,
Là , de grands châtaigniers aux hérons font de l’ombre
Quand viennent pour manger, les oiseaux échassiers,
Plus ou moins abrités, derrière ce mur sombre.
En haut sur la colline errait monsieur Giono,
Rêvant sur le regain qui suit chaque récolte.
C’est l’heure ou la cigale, en étrange sono,
Chante sous le soleil, fière mais désinvolte !
Il descendait parfois se rafraichir aux puits
Qui deviennent torrent fougueux et plein de morgue,
Lorsque des deux versants, étourdissant de bruits,
Le tonnerre et l’éclair font vibrer l’Île en Sorgue !
Au détour d’un sentier, ce cher Marcel Pagnol
Se promenait serein dans sa belle montagne.
D’un pas de sénateur, comme un gai rossignol
Il sifflotait heureux d’être tout près d’Aubagne.
Gentiment il me dit : « Eh couillon ! Ce ruisseau
Ce n’est pas vers Ales, mais là dans une pente
Que tu vas le trouver afin d’emplir ton seau,
Le long d’un cabanon, il se cache et serpente ».
Vers Saint Rémy, plus bas, un savant farfadet
Racontait aux enfants groupés dans la venelle,
Un conte merveilleux. Il s’appelait Daudet,
Des histoires, faisait au frais sous sa tonnelle.
Celle du jour narrait un brave Tartarin
Parti de Tarascon conquérir la chimère
Dans les sentiers en fleurs, les champs de romarin,
Fort loin de ses parents. Parcours digne d’Homère !
A son parler d’ici, j’ai reconnu Mistral,
Au vent du même nom. A son bras une muse,
Il essaime la langue à l’accent provençal
Comme on sème une plante au limon du Vaucluse !
Écrivant des quatrains, le simple griffonneur
De cahiers que je suis, bien loin de la Provence,
J’ai composé Manon, ces vers en ton honneur
Buvant l’inspiration dans l’eau de la Durance !
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