Nous aimions tous les deux contempler les Ă©toiles
Chaque soir au coucher Ă travers les carreaux
Quand la lune voguait, comme un bateau sans voile
Sur un ciel infini parsemé de cristaux
Nos regards chevauchaient les Ă©toiles filantes
Pour un trop court voyage sur le fond de la nuit
Tableau noir d’Uranie, céleste et vigilante
Qui gribouille puis efface ce qui prompt rejaillit
Souviens toi douce amie
Il y a bien longtemps
Qu’elle était belle la vie
C’était beau le printemps
Mille fois nous partîmes en lune de miel
Vers ces lueurs lointaines au sein du firmament
Chaque soir au coucher, chaque soir quand le ciel
Dans toute sa splendeur nous berçait tendrement
Quand l’horloge sonnait nous partagions les rêves
Que nous ne ferons plus en sombrant dans l’oubli
Et quand le coq chantait nous allions sur la grève
En oubliant notre âge dans nos cœurs ennoblis
Souviens toi douce amie
Il y a bien longtemps
Qu’elle était belle la vie
C’était beau le printemps
Quelques fois nous partions sans le moindre bagage
Jusqu’au bout de la terre par delà nos pensées
Nous parcourrions le monde, tout au long du voyage
Riches de notre amour et de rêves insensés
Te rappelles-tu du lac oĂą des cygnes nageaient
Des blancs galets tout ronds recouvrant son rivage
Et des gentils lutins qui riaient et dansaient
Quand tu chantais la vie toute nue sur la plage
Souviens toi douce amie
Il y a bien longtemps
Qu’elle était belle la vie
C’était beau le printemps
Nous sûmes alors parér d’un sourire les mots
Pour offrir aux regards la douceur qu’il exprime
Et parler Ă la mer, Ă la terre, aux oiseaux
Ce fut ce beau langage qu’en ce temps nous apprîmes
Mais déjà la nuit tombe, mets ta main dans la mienne
La lune nous attend derrière les volets clos
Allons la contempler avant que l’aube ne vienne
Occulter les étoiles d’un monde à peine éclos
Souviens toi douce amie
Il y a bien longtemps
Quelle Ă©tait belle la vie
C’était beau le printemps
Acceptons sans remords ce que nul ne désire
Prévenons nos pensées de ne plus s’égarer
Ceux qui se sont rendus ne peuvent plus le dire
Pouvons nous pour autant faire semblant d’ignorer
Marchons, il va faire froid, le soleil est absent
Le coq n’a pas chanté, et l’horloge s’est tue
Passons près de la grève voir le jour finissant
S’unir au grand silence qu’un ailleurs perpétue
Nous aimions tous les deux contempler les Ă©toiles
Chaque soir au coucher Ă travers les carreaux
Quand la lune voguait, comme un bateau sans voile
Dans un ciel infini parsemé de cristaux
Nos regards chevauchaient les Ă©toiles filantes
Pour un trop court voyage sur le fond de la nuit
Tableau noir d’Uranie, céleste et vigilante
Qui gribouille puis efface ce qui prompt rejaillit
Souviens toi douce amie
Il y a bien longtemps
Qu’elle était belle la vie
C’était beau le printemps
Henry TENA GIL
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