Je sais
Que tu iras encore une fois prier
Tendre les bras au ciel
Solliciter la clémence
D’un ciel
D’un nuage passager
Un reflet de lumière trompeur
Tu tourneras autour du totem
Tu réciteras des psaumes
A gorge déployée
Entameras les pèlerinages vers des contrées lointaines
Là où les dieux se cachent
Où se montrent
Tu porteras ton chapelet
Ta croix
Ta foi selon la loi
Et tu ramperas sur la poussière sacrée
Demandant repentance
Pour expier tes fautes
Et celles des autres
Tu conjugueras ton amour
Avec des accents d’impuissance
Face aux puissants
Tu le sais
Comme je le sais
Que le vain se nourrit de l’utopie
Que la braise
Puise sa force de la soumission du bois
Qu’il est bon de boire du feu
Dans un vase de glace
Qu’il est enivrant de croire
Que par un simple verset
Le mal s’efface
Tu le sais
Comme je le sais
Que savoir est néfaste


Je sais
Que tu livreras
Ton cœur aux vents hostiles
Tu céderas aux chants des sirènes
Qui te sembleront dociles
Tu laceras ta chair
Pour un bout de douleur
Prélude au plaisir
Tu seras femme d’un seul
Mais de tous les désirs
Point de mire
Point à fuir
Redoutable
Et vulnérable
Au gré des superstitions
Des imaginations
Des légendes
Et des frustrations
Tu le sais
Comme je le sais
Tu incarneras les fantasmes
Les phobies
Tu seras à la source des guerres
Le bouc émissaire
Le bourreau
Et le sauveur
Je sais
Tu seras poussière maudite
Et terre sacrée
Talisman
Et prophétesse de mauvais augure
Sorcière que guète le bucher
Adultère qu’attend le fouet.
Tu le sais
Le paradoxe se nourrit
D’un sourire jaune
Qui provient d’une bouche cannibale
D’un cri lugubre
Qui provient d’une gorge caverneuse
Les bornes sont inutiles
Quand la majesté se déploie
Pour subjuguer le futile
Tu le sais
Je le sais
Nous le savons
Même dans notre ignorance


Ait slimane Hamid