Au beau milieu du trottoir
Juste en face d'un square
Dans la chaleur d'un soir d'été
Tout de blanc vêtue
De la tête aux pieds
Une femme demande la charité
Aux habitants de la cité.
Pour attiser leur compassion
Et susciter leur apitoiement
Dans son giron, un enfant
Manchot et crasseux
Boutonneux et morveux
Frêle, menu et osseux
Tend son unique main aux passants
Sanglotant et pleurnichant
Dans l'espoir d'avoir le sou alléchant!
Il le fait brillamment, excellemment
Comme s'il s'était entraîné auparavant!
Des passants s'arrêtent et donnent l'argent
Quelques-uns le regardent en s'apitoyant
Faisant des sermons
Implorant le Tout Puissant
De venir en aide à cet enfant innocent
D'autres s'éloignent en s'indignant
D’autres l'ignorent tout simplement !
Un homme fort élégant
Obèse et bien portant
Passe, tirant un chien effrayant
Qui lui ressemble étrangement .
L'enfant le regarde innocemment
Le priant, le suppliant, l'implorant
Insistant pour avoir un peu d'argent .
L'homme le regarde en souriant
Lâche la laisse de la bête un instant
Et met sa main dans la poche de son veston
En cherchant .
Cet instant est largement suffisant :
Le chien, profitant de l'occasion ,
Saute sauvagement sur l'enfant
Lui arrache la main rapidement
Cruellement, impitoyablement
Comme un rasoir tranchant
Et l'avale goulûment
Sans même prendre le temps
De broyer avec ses horribles dents
La petite main tendre de l'enfant
Comme s'il craignait qu'on le prive soudainement
De ce festin succulent et saignant !
L'homme tire son chien méchant
Et disparaît précipitamment
Devant le regard hagard de la maman
Qui reste pétrifiée un moment
Regardant son pauvre garçon
Baigner dans son sang
L'enfant s'évanouit, tout simplement !
...
Le lendemain, les deux mendiants
Sont à la même place qu'avant .
Un petit détail pourtant :
C'est avec la main couverte d'un pansement
Que l'enfant quémande les sous aux passants !
La femme ne lui a même pas donné le temps
De jouer au convalescent .
Il faut gagner de l'argent
C'est vital, c'est urgent
C'est imminent
Pas de temps pour les sentiments !
...
Connaissez-vous la morale de ce conte amusant ?
Non ?
Alors, lisez les vers suivants
En réfléchissant longuement
A leur sens profond :
Quand on n'a qu'une seule main ,
Il ne faut surtout pas la donner aux chiens!
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Ma vie n'est plus une barque dans une mer enragée
Et je ne suis plus le naufragé!
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Mostafa, point fat, seul, las, si doux, rêvant de sa mie!!!