Bien que les deux syllabes de son nom
Soient de mauvais augure
Tuchê
Était aux Grecs
Ce que Fortuna était aux Romains
Ni plus ni moins
Elle symbolisait le hasard malveillant
Ou bienveillant des destinées humaines
Fortuna
Comme ces trois syllabes sont agréables
À l'oreille
Mais cette divinité au nom de courtisane
Ne se laissait pas émouvoir
Par les invocations les plus pathétiques
Et capricieuse comme une courtisane
Dispensait aux mortels
Sans tenir aucun compte de leurs mérites
La richesse ou la pauvreté
La pauvreté puis la richesse
La puissance ou la servitude
La servitude puis la puissance
Redoutée tu fus par les Romains
Qui dans les sanctuaires qui t'étaient
Consacrés
T'écoutaient en tremblant
Rendre tes oracles
Ou ce qu'ils croyaient tels
Tous les favoris de Fortuna
Savaient que l'épée de Damoclès
Ce flatteur sicilien
Était suspendue au-dessus de leur tête
Et que la roche Tarpéienne
N'était pas loin du Capitole
Aujourd'hui
Fortuna n'est plus la divinité redoutée
Qu'elle fut
Source de rares rêveries érudites
Elle ne règne plus sur les esprits des hommes
Mais étant donné
Que la Chance aveugle et l'Injustice
Semblent toujours tenir les rênes
De ce bas monde
Nous sommes en droit de nous demander
Si elle a réellement été détrônée
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“Il y a dans tout homme, à toute heure, deux postulations simultanées, l'une vers Dieu, l'autre vers Satan. L'invocation à Dieu, ou spiritualité, est un désir de monter en grade ; celle de Satan, ou animalité, est une joie de descendre.”
C...