C’est quand ils sont partis
Qu’on sent battre le cœur
De tous ceux qui nous quittent.
Quand on croise un parent, ou bien mĂŞme un ami,
Au détour des sentiers du Jardin de la Vie,
On devrait cheminer un moment près de lui
Et laisser notre cœur n’écouter que son cri.
C’est quand ils sont partis
Qu’on sent battre le cœur
De tous ceux qui nous quittent.
C’est après ton départ, maman, que j’ai compris
A quel point une mère ne donne pas que la vie.
Nous nous sommes tant heurtées, avec autant de bruit,
Que les voix de nos cœurs en ont été meurtries.
C’est quand ils sont partis
Qu’on sent battre le cœur
De tous ceux qui nous quittent.
Je te dois à jamais ce qu’aujourd’hui je suis,
Et je te dois aussi tout ce que j’ai appris,
Souvent de haute lutte et les yeux pleins de pluie,
A l’esprit la colère, à la bouche les cris.
C’est quand ils sont partis
Qu’on sent battre le cœur
De tous ceux qui nous quittent.
J’ai bien longtemps pensé que tu me détestais,
Et tu disais souvent que je ne ressemblais
A aucun de vous deux, Dieu, que tu me blessais !
Tu m’as donc tant aimée, pour m’avoir tant châtiée ?
C’est quand ils sont partis
Qu’on sent battre le cœur
De tous ceux qui nous quittent.
Je suis pourtant ta fille, et celle de mon père,
Mais entre nous l’Amour ressemblait à la Guerre.
Et pourtant aujourd’hui que tu as quitté la Terre,
Je me dis que j’aurais dû mieux aimer ma mère.
C’est quand ils sont partis
Qu’on sent battre le cœur
De tous ceux qui nous quittent.
Mais j’ai tant de regrets enfouis au fond du cœur,
Et j’ai tant de “je t’aime” retenus par pudeur,
Que je voudrais pouvoir retrouver ce bonheur,
D’un câlin, d’un baiser, de ton corps la chaleur.
C’est quand ils sont partis
Qu’on sent battre le cœur
De tous ceux qui nous quittent.
Avoir le privilège, seulement un instant,
De franchir les barrières et les portes du Temps,
Rien qu’un jour, rien qu’une heure redevenir enfant,
Pour te dire à l’oreille que je t’aimais, maman.
C’est quand ils sont partis
Qu’on sent battre le cœur
De tous ceux qui nous quittent.
CLAU. (27 avril 1994)
extrait de Au fil des ans, tous droites réservés.
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Clau.Mercier
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