- Nom ?
- Palestinien, je suis
Omar ou Ali
Je ne sais plus
Mon nom est blessé
Et mon identité écartelée
Mon nom est emballé
Ficelé et mis en consigne
Mais il pèsera si lourd
Qu’il explosera de mille feux
Et sa lumière étincelante
Illuminera le monde
J’ai accepté mon nom et j’ai refusé
Coup de poing … Aaaah !
Le sang gicle sur le mur
Le rouge Ă©pouse la terre
Et ils enfantent le vert
Ne pas tomber ne pas faiblir
Rester debout tel le dattier
Et regarder l’oasis.
- Adresse ?
- Les loups m’ont ravi ma maison
Mon jardin, mon champ, mon horizon
Je m’éteins dans les camps
Aux yeux d’insomnie
Je me déchire dans les bidonvilles
Nauséabonds
Je meurs sur les nattes pourries
Sous le zinc nu
J’attends le soleil toute la nuit
Et je fonds sous la nue
Je porte dans mon cœur
Notre maison et notre verger
OĂą mes oiseaux gazouillent
Et mon soleil luit
J’ai erré et j’ai refusé
Matraque salée…Aaaah !
Le corps gît par terre
Le rouge Ă©pouse la terre
Et ils enfantent le vert
Ne pas tomber ne pas faiblir
Rester fier tel le cèdre
Et regarder la montagne.
- Date de naissance ?
- La nuit Ă©tait aveugle
Et le peuple sourd-muet
Les aigles ont déserté les crêtes
Les loups se sont habillés
De bombes et de barbelés
Mon peuple fut trahi, détenu
Expatrié, bâillonné, exterminé
Je suis né en cette nuit
La nuit de la félonie
Ă” indignation du calendrier !
J’ai survécu et j’ai refusé
Décharge électrique … Aaaah !
Le corps se raidit
Le rouge Ă©pouse la terre
Et ils enfantent le vert
Ne pas tomber ne pas faiblir
Rester vivant tel le palmier
Et regarder la vallée.
- Profession du père ?
- Il Ă©tait amoureux de la terre
Du ciel, du soleil, de la mer
Il labourait, semait, irriguait
Fauchait, moissonnait, labourait
Il riait, chantait et dansait
Il Ă©tait simple, humble, bon
Beau, fort, digne et vivant
Une nuit
Les loups ont attaqué notre maison
Et ont clôturé notre verger
Il a pris sa fourche et s’est battu
Il a résisté toute la nuit
A l’aube, ils l’ont achevé
Je l’ai vu mourir et j’ai refusé
Tête enfoncée dans un seau d’urine … Aaaah !
Le rouge Ă©pouse la terre
Et ils enfantent le vert
Ne pas tomber ne pas faiblir
Rester grand tel l’amandier
Et regarder le verger.
- Profession de la mère ?
- Elle ne travaillait pas
Elle trimait
Elle tissait les Ă©toiles
Et tricotait l’attente
Elle enfantait, allaitait, berçait
Couvait, chérissait, se taisait
Elle veillait, endurait, résistait
RĂŞvait, croyait et attendait
Je l’ai aimée et j’ai refusé
Bouteille de Coca-Cola … Aaaah !
Le corps se déchire
Le rouge Ă©pouse la terre
Et ils enfantent le vert
Ne pas tomber ne pas faiblir
Rester vivant tel l’oranger
Et regarder l’horizon.
-Ta bien-aimée?
-Elle Ă©tait belle et rebelle
Elle aimait les fleurs et les abeilles
Elle jouait avec les Ă©cureuils
Elle courait dans les champs
Les cheveux dans le vent
J'ai vu les loups la violer toute la nuit
Le matin, elle s'est pendue
A la branche de notre olivier
Je l'ai vue raide morte
Et j'ai fermé ma porte
Flagellation ...Aaaah
Le corps endure
Le rouge Ă©pouse la terre
Et ils enfantent le vert
Ne pas tomber ne pas faiblir
Rester solide tel le fer
Et regarder le désert.
- Ton rĂŞve ?
- Je me suis fait un jardin
Dans les yeux des enfants
Je me suis fait un nid
Dans le cœur des opprimés
Je ne veux plus qu’il fasse nuit
Dans la tête des expatriés
Je ne veux plus qu’il pleuve
Dans les yeux des affamés
Je ne veux plus que les nains
Vendent le peuple aux congrès
Je ne veux plus que les Speakerines
Annoncent notre génocide en souriant
Que notre Ă©toile Ă©tincelle
Et que notre soleil luise
Que notre soleil luise !
Coup de revolver … Aaaah !
Le corps se refroidit
Le rouge Ă©pouse la terre
Et ils enfantent le vert
Ne pas tomber ne pas faiblir
Rester éternel tel l’olivier
Et revendiquer la vie.
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Tous droits réservés
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Ma vie n'est plus une barque dans une mer enragée
Et je ne suis plus le naufragé!
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Mostafa, point fat, seul, las, si doux, rĂŞvant de sa mie!!!