C’est la montre de l’habitude qui rythme leurs vies
Hiver comme été, plus besoin de réveil
Le matin, leurs yeux s’ouvrent à nouveau sur la vie
Depuis des années, c’est la même heure qui les réveille
Dans le journal local, lire la chronique des morts
Rassurés qu’au village ils y en aient encore
De plus vieux qui trépasseront avant eux
Et qui eux n’avaient pas la chance d’être deux
Le petit-déjeuner, café et chicorée
Comme faisaient les aînés, pour une bonne santé
Car ils sont sans cesse à l’écoute de leur corps
Qui décide s’ils pourront encore faire un effort
Les journées passent ainsi, doucement, sans à coups
Et si les dos se voûtent, les regards restent doux
Ils n’ont plus qu’une petite couronne de cheveux blancs
sur laquelle s'accroche le poids de leurs printemps
Et quand ils se savent les plus vieux du village
Dans un regain de foi, pour préparer le voyage
Ils retournent à l’église, mais se font tout petits
Confessant des péchés, quémandant un sursis
Mais déjà derrière eux, il y a les moins vieux
Heureux de savoir qu’il y a plus vieux qu’eux.
Annie
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