Je vais enfin parler la vraie langue des signes,
Je laisserai tomber tous les espérantos,
La langue de Shakespeare et tous les mots en ‘ing’,
Et ce que j’ai à dire, le dirai aussitôt.
J’irai de par le monde, et parlerai sans frein,
D’un geste de la main, je me ferai comprendre,
Quel que soit le pays où je voudrai me rendre,
Ne serai l’étranger, à qui l’on ne dit rien.
Plus besoin de barrières, ni de postes-frontières,
Ce regard suffira, qu’on échange entre frères,
Adieu les traducteurs, adieu les interprètes,
On lit sur les visages sur toute la planète.
Et que l’on soit à Londres, à Paris, à Beijing,
Nous nous comporterons en bon Samaritains*,
Ne prononçant jamais d’inutiles paroles,
Nous nous accueillerons sur le bord des chemins.
Mais la langue des signes est loin d’être uniforme,
Toujours elle varie, elle est protéiforme,
À sa façon, chacun la change et la modèle,
En espérant en vain, la voir universelle.
Mais quand abattra-t-on cette tour de Babel ?
On se prend à rêver d’un monde de silence,
Où les gestes qu’on fait sont tout chargés de sens,
Et où les mots, soudain, se muent en pas de danse.
Dumnac
*Le Bon Samaritain est une parabole dont se sert Jésus de Nazareth, dans l'Évangile selon Luc, pour illustrer sa définition du « prochain ».