Nous l’avons fait, ce jour, comme des bêtes,
Le plus beau de nos cris fut cet alléluia,
Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth,
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala*.
Nous étions ce jour-là bien plus anges que bêtes,
J’aurais bien pu clamer un Ave Maria,
Et je perçois toujours ce parfum qui entête,
Qui émanait, je crois, d’un proche magnolia.
Jamais ne fut pour moi de rime plus parfaite,
Lorsque nos cœurs étaient au comble de la joie,
Je n’ai pas retrouvé cette harmonie parfaite,
De nombreuses défaites ai dû porter le poids.
Elle n’est plus ici-bas cette suprême fête,
J’espère la trouver, un jour, dans l’au-delà ,
Sa lumière je vois parfois qui se reflète,
Et je veux croire encore à ce miracle-là .
*Booz endormi La Légende des siècles (1859)