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Appentissage de la sagesse Le temps semble figé ; les secondes, comme des jours Interminables, passent ; au fonds de la nuit Qui noie le monde, le silence s’installe sans bruit Tandis que l’Homme pleure l’Universel Amour.
Des larmes amères coulent, elles noient sa mémoire, Elles roulent, roulent le long de son désespoir, Elles deviennent fleuves, et s’en vont, océanes, Alimenter ses peurs, et révéler ses pannes.
Je suis là , impuissant, contemplant le désastre, L’imminente tragédie de l’inhumaine race.
Les survivants se terrent, et dans la nuit profonde On ressent la moiteur d’une terreur immonde
Alors que se profile dans le ciel et les astres Le divin épilogue d’une encombrante trace, Je passe et puis repasse, inconsolable et seul, Lente rétrospective, les années d’avant deuil.
Je contemple le fil où s’enchaîne ma vie Je le tire et ramène des lambeaux de bonheur, D’éphémères instants, de rassurantes heures Les pénibles souvenirs que je croyais enfouis ;
Le tumulte indécent va bientôt retentir.
Soudain levant les yeux au fonds de ce décors Qui force au repentir, où mes forces chavirent, J’aperçois dans la rue, l’insoutenable effort Que déploie un enfant traînant une valise. La scène est incongrue, parce que tout se brise Son fardeau semble lourd, mais il reste silencieux Il avance tranquille, assuré, lumineux Presque heureux d’être là , au milieu de la nuit..
Il chavire parfois, et puis trébuche aussi, Mais inlassablement, il se remet debout, Fièrement, sans faiblir, et il avale ainsi Sans hâte, pas à pas, l’interminable route. Qui est il ?, où va t il ?, d’où vient ce garnement ? Il semble comme étranger à ce monde dément Pourquoi inflige t il cet effort dérisoire A mes yeux las d’amour, las de temps, et d’espoir ? Ne devine t il pas la terrible menace Qui plane sur nos têtes, comme une ultime farce ?
Il faut le rattraper, Ă©teindre son sourire Le convaincre, expliquer, lui Ă©viter le pire.
J’entreprends de rejoindre l’impertinent enfant Ma lente procession pour atteindre l’impie Est freinée par le vent qui bruyamment glapit J’avance pesamment, infiniment lentement Pour tenter l’impossible, et pour rendre probable Ma dérisoire quête ; Je saisis à l’épaule L’innocente créature, qui n’a cure du rôle Que je tiens en ces lieux. Le petit se retourne Et brusquement je sais et je tombe à genoux.
Contemplant ce visage que je connais par cœur Je découvre incrédule, dans ces traits la douceur D’un gamin de sept ans pointant de son index Un horizon blafard qui me laisse perplexe.
Et puis soudainement, cet enfant que je fus Disparaît, s’évanouit, aucun son sur ses lèvres Ne venant apaiser l’angoisse existentielle Où je me répandais ; Et Je reste fourbu Ereinté ; tout se brouille, et la nuit est glacée.
Tandis que je relève, comme un pantin cassé Mon corps et ma raison, tandis que l’essentiel M’est ainsi révélé, je recommence à croire, Et indistinctement, je perçois le message. Le découragement cesse remplacé par l’espoir Et Je suis désarmé par ma propre victoire.
Pouvons-nous retrouver cette innocente image D’un possible bonheur, et s’il n’est pas trop tard, Alors quel est le prix qu’il nous faut consentir Pour que nos lendemains ne soient pas des hasards ? Sommes-nous à la fois la lumière et le fou ? Déchiffrons-nous toujours du symbole l’atout ?
Au tréfonds de nos cœurs où siège le repentir Pouvons-nous retrouver l’originel arôme ? La saveur des saveurs qui fait ce que nous sommes Des maçons et des Hommes.
La fable dit que OUI ; l’enfant omniprésent Veille dans la pénombre de nos cœurs fatigués Et à la réflexion, c’est comme un cabinet Où nous nous plongerions, sanctuaire apaisant Où l’âme se régénère, où la raison domine .
Que devint la valise ?, et que contenait-elle ?
Mais elle est toujours là , je la traîne partout Et elle contient tout ; Enfin, presque tout ; Ce que j’y ai mis Mes doutes et mes farces Mes amis, mes ennemis, Ce qui fait ce que je suis Ni sourire ni grimace Un maillon minuscule Dans une solide chaîne.
Et quand l’indécision, et quand l’intolérance Frappent trois petits coups mais avec insistance Je l’ouvre cette valise, Tout en grand, Et j’y puise mon destin.
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