En ce tableau de toute beauté.
La mort engourdie, sous son suaire blanc,
Cachait l'oisillon, saisi dans l'élan
D'un matin cruel d'indifférence ;
Ailes immobiles et sans souffrance.
La bise osait une caresse froide
Sur l’œuvre perdue, d'une main roide.
L'oisillon ne chanterait jamais plus,
Son chant givré, là , à jamais perdu.
Une neige fine s'accumulait
En ce tableau de toute beauté,
mêlant de l'inertie au mouvement,
Et à l'inverse taisait les sentiments.
L'effroi ordinaire cherchait de la vie :
Juste un gazouillis, dans un petit nid ;
L’œil troublé cherchait sa ligne de fuite ;
Un tel malheur ne vaut qu'on l'ébruite.
Nul ne sait le lieu, ici le trottoir
l'ombre de l'oiseau venait s'y asseoir
Un homme jeune y était tombé aussi
Hier, peut-être autour de minuit.
Autour, soudain, tout parut futile,
Observant ces rêves immobiles
Je me sentis soudain comme glacé
En ce tableau de toute beauté.
Pierre WATTEBLED.
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