Et je danse au soleil des champs de mon enfance, Dans l'odeur des regains et des grandes vacances, Pour quelque jouvencelle en l'effleurant parfois A ce jeu de marelle, d'un baiser maladroit.
Et je danse aux étoiles, au passé de la terre, Aux lumières d’ailleurs empreintes de mystères Qui m’offrent dans l'instant d’un songe fugitif La nature cachée de leurs temps primitifs.
Et je danse aux regrets de ces longues années, De n'avoir pas vécu ce que j'en ai rêvé Ou du temps qu’il me reste pour nourrir mes remords, Sans colère, c'est sûr, mais pour quel réconfort?
Et je danse aux chagrins de mon âme défaite Par la putain aimée qui fait tourner les têtes, Je lui fus cette proie au cœur si malhabile Qu'il se plût d'espérer d'un battement de cil.
Et je danse, mourant, aux gouttes de morphine Atténuant d'un cancer la douleur qui s'obstine Et au calme glacé de la désespérance Recouvrant quelques pleurs d'une forte odeur rance.
Et je danse au tunnel que l'on dit de lumière, J'y vois comme un archange ou est-ce une chimère, Je sais, quelle importance?... quand je laisse aux vivants Si peu d'une existence où rien ne me fît grand
Mais tant de ma conscience pour leurs rêves d'enfants…