Moi, je vous dis qu’il est infâme
De vouloir honorer deux femmes ;
L’une se cache, plus bas que terre,
Et finit tout droit en enfer.
L’autre, qui est première dame,
Est au bras de son légitime,
C’est à l’enfer qu’il la condamne,
Il en fait la pire victime.
Nul ne peut servir deux maîtresses,
Sachant qu’il est dans d’autres bras,
Que jamais il ne reviendra,
L’autre est submergée de tristesse.
A elle, missives enflammées,
Il lui voue amour éternel,
L’autre, jadis, fut adorée,
Il a juré qu’il n’aimait qu’elle.
Il lui refuse obstinément,
Un jour, de l’aimer au grand jour,
Pour lui prouver son grand amour,
Il veut qu’elle fasse un enfant.
Et ils vont s’aimer tendrement,
Jusqu'à ce que mort les sépare ;
Le jour de son enterrement,
Les deux femmes sont tout en noir.
Son épouse est très magnanime,
Et à l’heure du grand départ,
Refoule la haine mesquine ;
Et du deuil, chacune a sa part.
Plus de vingt et un ans plus tard,
Est-ce regret, qui l’une anime?
Elle publie chez Gallimard,
De son amant, les mots sublimes.
Moi, je vous dis que c’est un crime,
Que c’est le pire des blasphèmes,
De laisser au fond de l’abîme,
Croupir ainsi l’être qu’on aime.
Dumnac