Tu es loin

Tu es loin des serments archaïques du temps des sièges en armures,
De ma lance assiégée trempée dans un flacon de liqueur pure.
Loin quand je jette « l’encre » sur mes escales chaque jour,
Des leviers poétiques que j’utilise pour conquérir ton amour.

Tu es loin des séries calligraphiées sorties de l’écran de mon invention,
De ma langue pendue condamnée par le tribunal de la narration.
Loin du ballet chorégraphié dans l’imaginaire de ma tête,
Du spectacle de danse orthographié par mes marionnettes.

Tu es loin de l’abondance des épanchements incontrôlés de mon Bic,
De l’extravagance paragraphée entre mes « versets » excentriques.
Loin de l’histoire « silencieuse » qui s’écrit à l’ombre de ton regard,
Au fil de mes pérégrinations sur les bords de la marne et sur les trottoirs.

Tu es loin de savoir que la nuit isolé des hommes dans mon « église »,
Je confesse de mes mains savoureuses l’apologie de tes formes exquises.
Loin de la mélancolie de mon porte-plume rendu fade par ton indifférence,
Des brouillons raturés que je froisse pour la hauteur de tes exigences.

Tu es loin des turbulences de ma plume fatiguée de devoir obéir,
Des soubresauts de l’aventure intérieure que tu me fais subir.
Loin de cette planète sans voiles que j’édifie comme on bâti un toit,
De la caresse céleste des étoiles qui gravite au bout de mes doigts.

Tu es loin de la course de mon stylo cambrioleur qui s’est abreuvé,
Dans l’encrier des lettres justes qu’aux gardiens des mots il a volé.
Loin de ces mots lents heureux qui se disent au creux de l’oreiller,
Au long des nuits ou la grande et la petite aiguille ce sont arrêtés.

Tu es loin du trésor que ma poitrine délivre tout droit du coffre,
De ces joyaux brodés de virgules, d’images, de toi et d’apostrophes.
Loin du frisson qui parcours le dos ébranlé de mon feutre cérébral,
De la sève humide remontant jusqu’au bout de sa colonne vertébrale.

Tu es loin de ces entremets parfumés que je compose pour toi,
Des bouquets de pensées délicates avoués sur ma prose en soie.
Loin des escapades sulfureuses écrites par mon crayon brûlant,
Da la fulgurance torride de sa pointe vermeille de charbon ardant.

Tu es loin des incorrections de mon stylobille quand il se balance,
En mots cadencés pour enrouler les phrases autour de tes hanches.
Loin des sentinelles qui portent les « armes » pour ce combat.
Des cascades d’encre incandescente qui enflamment mes draps,

Tu es loin de ces formules magiques aux mille et une combinaisons,
Qui pour ta main inventent le mariage du calcul et de la conjugaison.
Loin d’imaginer que lorsque mes outils auront rendu leur dernière goûte,
Tu auras entre tes mains le récit de ma déclaration…ta feuille de route.

C est dense riche très beau
Une gourmandise à relire et à savourer
Sans modération
Merci Jean

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Amicalement Alanna