Il avait toujours eu cette Ă©trange habitude:
Assaisonner les plats avant de les goûter;
Un jour, il décréta que tout est platitude,
Que seul lui importait le poivré, le salé.
Et pourtant des maris c’était le plus gâté,
Il s’honorait chez lui d’avoir un cordon bleu,
Ses papilles sans doute, souffraient d’infirmité,
Chaque fois il disait : « Il faut du sel, un peu ! »
Et lui qui côtoyait souvent les maîtres-queux,
Qui tous rivalisaient, afin de l’épater,
Au foie gras arrosé de Sauternes moelleux,
Préférait les pâtés, s’ils étaient bien salés.
Et sur l’art culinaire, ayant des certitudes,
Dans le beurre il voulait les cristaux sur la langue,
Contrairement aux gens du sud,
Il ajoutait toujours du bon sel de Guérande.
Mais un jour, il fit cure d’austérité,
Et sa vie devint fade : il n’a plus droit au sel
Une question de survie, lui dit la Faculté,
Il dut bien s’y résoudre, car on n’est éternel!
Alors il dégusta les petits plats de celle,
Qui sans excès toujours usait des condiments,
Et il se rendit compte qu’il n’y a rien de tel
Que l’ail et le persil pour un palais gourmand.
Dumnac