Mes amis vous voilà disposés à juger
Ce qui fait bon chemin pour rester en surface,
Et donner à l'humain de quoi sauver sa face
En le dissuadant de vouloir se venger.
Ce chemin tortueux est pénible à tenir
Tant les sombres travers de nature stérile
Sont autant d’incidents que l’âme puérile
Ne sait point dominer, ne sait plus retenir.
On voit, de ci de la, des combats sans objet
Venir, avec fracas, occuper la tribune
Pour donner en spectacle une ancienne rancune,
Prétendant que l’humeur est un juste sujet.
Au jardin du voisin ne jetez plus la pierre
Car un tel projectile est sournois boomerang
Qui peut, Ã votre insu, rechausser votre rang
Sans remplir pour autant votre unique soupière.
Voulant combattre un mal on va toujours au pire
En croyant fermement que son avis est sûr.
Alors le dit voisin, trouvant le geste impur,
Se donne pour mission de garder son empire.
Admettez donc enfin que les réels amours
Sont faits d’abnégation et ont pour uniforme
Cet élan sans calcul issu de la réforme,
Qui porte à bien agir plutôt qu’au long discours.
On peut voir en ces mots un coup d’épée dans l’eau
Car les « y a qu’à , faut qu’on » dressés en aphorisme
N’ont jamais amené l’être vers l’héroïsme
Mais le font trop parler pour donner son tuyau.