Plume de platine Inscrit le: 13/5/2014 De: Envois: 2944 |
Une volage lectrice Comme étaient douces ces tendres matinées Où tu venais ma douce me faire la lecture , Ce tendre vice entre nous partagé , Mes sens tous éveillés à cette villégiature.
Tu savais si bien prendre la pose mon adorée Croisant tes jambes hautes, relevant ton ourlet Me laissant au soleil du matin voir tes genoux Parfois l'audace me faisait tordre le cou.
Hélas quel démon est venu s'installer entre nous Quand un matin tu arrivas avec ce petit carnet, Puis le prenant avec malignité d'une voix de midinette Tu me donnas les noms de tous ces grigous.
Ainsi c'est avec d'autres que tu partageais les après midi, J'entendais tous leurs noms , leurs adresses maudites En mon âme venaient les feux de la jalousie Jusqu'au moment ou je fus d'une question instruit.
-" Mon tendre ,j'ai besoin de tes lumières amour Tu as entendu leurs noms, leurs âges Aides moi à choisir le céleste ouvrage Qui pour chacun sera un tendre recours."
Comme tu sais si bien me prendre par les sentiments, Relever un défi , trouver le bon livre pour tes clients, Le piège était posé, tu m'avais attrapé dans ton filet Sur l'instant je m'étais livré pieds et poings liés.
-" Montre moi ton carnet, petite traitresse , Je vais trouver à chacun son livre Mais il me faudra me faire une promesse Ne plus rien me cacher, il me faut maintenant poursuivre."
Comme il est facile et doux de se laisser prendre au piège Je voyais à son sourire, à sa façon de pencher sa tête Que pour la reconquérir je devais me montrer esthète , A mon tour à cet instant de tisser mon sortilège.
-" Un notaire, offre lui du Balzac, la Cousine bette , Un Médecin, pas de problème Madame Bovary de Flaubert, Une jeune fille de quinze ans, les Claudine de Colette, Un puceau, le blé en herbe ou le Diable au corps de Radiguet, Un Général, les mémoires de De Gaulle , il va adorer, Un prof de math, les bouquins de Perec, Un journaliste à Libé, Les particules élémentaires de Houellebecq, Un étudiant en lettres, pas de problème les Fleurs du mal, Du Aragon pour un représentant syndical , Je ne le crois pas François Hollande, petite gourmande Pour notre président Bouvard et Pécuchet je recommande."
A la fin de ma liste, mon adorée se penche vers moi Puis pose sur mes lèvres le plus tendre des baisers. -" Heureusement que tu es là , que ferais je sans toi, Quand j'aurai d'autres auditeurs tu n'auras qu'à le conseiller."
Ah ma volage lectrice Je suis ton complice.
Joyeux Noel...
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