Fou des voyages Ă risques
Ce matin mes pas m’ont conduit dans un endroit mal famé, un lieu qu’il est préférable de ne pas fréquenté la nuit tombée.
Je devais me procurer cet objet essentiel Ă mes projets.
Posé au milieu de la table, il me regarde fixement de son œil glauque.
Il commence à faire sombre, tout à l’heure ils sont venus me couper l’électricité, les factures et moi nous ne nous entendons pas très bien.
Mais qu’importe, dans la pièce plongée dans une demi pénombre je relis encore une fois cette lettre que ma femme m’a laissée.
Paul,
C’est terminé à présent, je ne supporterais plus ta mauvaise foi et tes mensonges.
J’ai pris connaissance de la lettre de Jean-Claude B.
Le cap Horn !… Tu voulais à présent, prendre la mer sur un vulgaire rafiot et contourner cet endroit maudit, ce lieu abominable où les tempêtes font rage.
Tu ne penses qu’à toi-même, et à ton délire de parcourir le monde à la recherche du danger, peu importe de faire une veuve de ta femme, et de ta fille une orpheline.
Et dire que j’ai cru à tes promesses, je te croyais sincère jusqu’à hier encore, jusqu’à cette maudite lettre qui me prouve le contraire.
J’ai emmené Élisabeth, tu ne l’a reverra plus et ne t’avises pas de faire scandale, tu sais que mon père a le bras long, en tant que magistrat il saura nous protéger de toi.
Il me conseillera sur le choix d’un avocat qui s’occupera de lancer la procédure de divorce.
Car j’ai la ferme intention de mettre fin à notre vie commune autant pour moi que pour notre enfant, qui je te le rappelle t’a vu bien souvent plongé dans un tel état d’ébriété que j’en avais honte pour toi.
Simone
Je suis fou des voyages à risques, un raid dans le désert, un vol incontrôlable au-dessus du triangle des Bermudes, et je suis au comble du bonheur.
Ma chère épouse, cette exquise créature, ne me comprenait pas, elle sabotait délibérément tous mes projets.
On se disputait souvent, elle crachait son venin, me parlait de sinistres et inexplicables accidents, l’avion s’écrasant au sol comme un puzzle hors de sa boite.
En époux aimant je lui avais promis plus d’une fois, bousculant tous mes principes, de ne jamais reprendre l’aventure, une promesse absurde, faites simplement pour qu’elle cesse de m’exaspérer.
Mais tout mon être étouffait, tel un caramel bloqué au fond de ma gorge.
J’allume la bougie, cette soirée sera particulière.
Je m’assieds, fixant la flamme qui s’agite faiblement, et je verse dans mon verre du whisky, un acide qui me brouille les sens.
Elle a fini par s’en aller, je me retrouve seul avec mes rêves d’évasion.
Certains détails me reviennent, les brûlants souvenirs d’un bonheur perdu à jamais.
Une immense lassitude m’envahit, les larmes me montent aux yeux, mais je ne dois pas faiblir, à présent plus rien ni personne ne me retient.
Une détonation, une gerbe d’étincelles et je suis parti pour mon dernier voyage.
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