Dormir dans le chagrin du vent,
Blanchir sur la terre argentée.
— Comme à mon tour : Oui ! Au suivant !
Dame fortune m’a plantée…
Blanchir sur la terre argentée,
Dans l’ombre du bonhomme hiver.
— Dame fortune m’a plantée,
Moi, la graine au diable vauvert…
Dans l’ombre du bonhomme hiver,
Le givre en sanglots longs s’épanche.
— Moi, la graine au diable vauvert,
Sur mon avenir je me penche…
Le givre en sanglots longs s’épanche,
Autour de l’arbre dépouillé.
— Sur mon avenir je me penche,
Il n’y a rien dans mon cahier…
Autour de l’arbre dépouillé,
Le ciel a faim sous les étoiles.
— Il n’y a rien dans mon cahier
Que la peur de prendre les voiles…
Le ciel a faim sous les étoiles,
Siffle le temps à en mourir.
— Que la peur de prendre les voiles
Dans la crainte de tant grandir…
Siffle le temps à en mourir,
L’arbre blanchi sur la colline.
— Dans la crainte de tant grandir,
Serrer fort mon germe en sourdine…
L’arbre blanchi sur la colline,
Oubliera ses printemps d’avant.
— Serrer fort mon germe en sourdine,
Dormir dans le chagrin du vent…
Quelques précisions jolies sur le Pantoum Malais :La forme fixe du pantoum, ou plus exactement pantoun, est définie par Théodore de Banville dans son Petit traité de Poésie française.
Le pantoun consiste en une suite de quatrains (d'octosyllabes ou de décasyllabes - le même mètre est conservé dans tout le poème.) où s'appliquent deux systèmes de reprises :
•le deuxième et le quatrième vers de chaque strophe sont repris respectivement comme premier et troisième vers de la strophe suivante,
•le tout dernier vers du poème reprend le premier.
L'alternance des rimes masculines et féminines impose un nombre de quatrains pair. Le nombre de quatrains est illimité,
mais doit être supérieur ou égal à six.Cette forme permet de donner au poème une musicalité particulière très typée.
La particularité vraiment originale du pantoum réside dans le sens : il développe dans chaque strophe, tout au long du poème, deux idées différentes :
•La première idée, contenue dans les deux premiers vers de chaque strophe, est généralement extérieure et pittoresque. (ici c'est le décor avec L'Arbre blanchi)
•La deuxième idée, contenue dans les deux derniers vers de chaque strophe, est généralement intime et morale. (Ici c'est une petite Graine inquiète sur l'avenir qui parle)
On peut parler également d'entrecroisement thématique : le poème parle de deux sujets , l'un descriptif, l'autre sentimental en alternance , par demi-quatrains.
merci de votre lecture
@Bleuet, c'est juste une question de travail, sans plus