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Expéditeur Conversation
cookiemomo
Envoyé le :  28/11/2015 14:30
Plume de soie
Inscrit le: 4/1/2009
De:
Envois: 194
Poussière
« Le Cimetière des Misanthropes » ou « Confession Burlesque d'un Poussiéreux »

« J'eus cette certitude d’être mort contrairement à celle d'avoir vécu … »

Quelques pelletés suffirent à me rendre invisible. L’Homme me jeta derrière un hêtre sans l'avoir vu ni même planté.. Ma vie partait pour le long chemin. Mon corps perdit toutes ses couleurs. Pendant que je donnai ma chair aux innombrables créatures de la terre, je découvris à mon plus funeste étonnement la dimension de mon Âme . Cette âme si énigmatique , enchevêtrée par les lames d'un passé orageux s'en allait explorer les méandres de la mort.
J'ouvre les yeux … Ou plutôt mon âme s'éveille et dans une brume de minuit chasse dans la terre vive les cris de quelques spectres. Décharné par l'extensibilité du temps, je demeure un mort encore chaud aux travers de mes préjudices d’antan. Mon âme prétexte sans doute encore quelques calembours et quelque chose m'attrape, une force depuis toujours, une puissance dont la rhétorique embrase toutes les questions ; ce fut la Mort ...
Tandis que je mourais comme ce sucre dans ce café, je m’enfonçais dans les entrailles de notre chère planète. La Terre reprenait sa chair et je fus aspiré vers la verticale, je dégringolais progressivement et descendais par absorption fragile, je pénétrais la Terre comme perce une pioche et ma discrète vie de l'au-dessus trépassa dans une question profonde ; « Me destinais-je vers l'enfer ? »
J’appartiens à la mort comme un disciple à son maître. S'il fut un cauchemar dans ma vie, mon libre arbitre se révéla proscrit. J'assistais peut-être à ma dissociation, me préparant à bondir dans les ténèbres ou dans le creux grossier de l'oubli. Allais-je voler ? Tendrais-je à disparaître ? Était-ce ce déchu à corne de braise qui, s'empressant d'ouvrir les portes de son corps cognait dans la mer, brisait la roche, harcelant la terre en de fines vibrations afin de me faire descendre dans son antre ?
Comment évaluer le fond du fond ? Dans quelle situation suis-je si Infini il y a ? Plus bas, sournoisement plus bas, j'affrontais sans modération spirituelle mon énigmatique déclin dans l'obscur. Cette sensation de m'enfouir sous l’éternité. Soudain, j'enviais ceux qui montent en haut ... Après tout, n'est-il pas plus précieux que de ressentir la mort en hauteur ? S'élever parmi le roucoulement charmeur des tourterelles, périr au côté des cols et des cimes des montagnes enneigées, disparaître derrière l’œil borgne de la nuit, savourer la brulure des étoiles sur nos âmes, tant de choses perceptibles sait-on jamais lorsque l'on a la faveur de mourir en montant ...
Les couches terrestres se succédèrent, la marche funèbre de l'au-delà s'enhardit à me faire vivre région par région son pèlerinage des profondeurs. D'abord la croûte continentale, puis celle océanique, suivi de plein fouet la manteau supérieur, son chasuble inférieur ne m'épargna pas. La mort surprenante soit-elle me marqua au fer rouge, je découvris mille et une façon de succomber lentement, pourtant sans la moindre agonie physique car mon corps n'est plus qu'une carcasse dans laquelle j'erre. Dévoré par la Terre, efflanqué par les matériaux qui la composent, encerclé par les gaz qu'elle respire, englouti par les océans, je continuais mon funeste périple dans les tréfonds inconscients de notre chère planète. Comme une bille de plomb dans l'épaisse substance, je sombrais implacablement, vastement, méthodiquement, happé par le champs du glas.
Soudain je m’arrête … La Terre ce carnassier ! La Mort ce rébus ! Vivre et mourir sont-ils inéluctablement deux contrastes d'une même veine ? Font-ils l'amour inexorablement ensemble ? Mon être vacille, ma mémoire s’essouffle comme le crépitement d'un feu de bois … Qui suis-je ? ... J'oublie mon nom et le souvenir de ma mère s'éteint dans un dernier rappel. Mon corps ma tanière révèle plus que tout ma prison. Désormais sans aucune identité greffée, l'ombre de mon existence passée s'évanouit. Une amnésie espiègle, seule la corde étrangle encore mon coup, je suis enfermé dans un corps dorénavant inconnu à des milliers de kilomètres sous terre. Ce corps , cette funeste friche obsolète pas encore laissée à l'abandon, où mon âme otage de ces racines et vierge presque de mémoire, espère à quand le temps de s'en aller! Me voici dans un cimetière sous des milliards d'autres cimetières ! Quand d'autres restent à fleur de terre et montent en haut, moi j'eus le privilège ambigu d'explorer les sous-sols des damnés ! Pauvre de mon Âme ! Triste chair téméraire m'agrippant à ses illusions de vie perdue ! Si encore la solitude aurait pu être un spectre de douce compagnie … Hélas non !


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L’inspiration émane de sous le pétale,
Pour que fleurisse un ténébreux nénuphar!

Honore
Envoyé le :  1/12/2015 10:05
Modérateur
Inscrit le: 16/10/2006
De: Perpignan
Envois: 39531
Re: Poussière
C'est là une vision de la mort particulièrement spectaculaire .
HONORE
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