Il Ă©tait une fois une jolie belette,
Dont un ours grognon et songeur s’était épris,
Quand, au sortir de sa sombre grotte, il la vit,
Et depuis, chaque jour sans cesse il lui répète.
Des mots doux, parfois mĂŞme des gestes tendres,
A sa nouvelle et bien Ă©trange douce amie,
Sans ignorer que, seul au détour de la nuit,
Il la veut tant et n’en peut plus de l’attendre
Elle s’interroge sur ce qui les unit,
Souvent flattée et amusée de son amant,
L’animal ne peut se méprendre pourtant,
Sur leurs différences d’aujourd’hui.
Il rêve ainsi d’un amour dans la même grotte,
Elle en est secrètement si bien chagrinée,
N’aimant rien tant que sa charmante maisonnée,
Enjolivée et meublée selon ses goûts propres.
Un beau jour, elle s’en ouvrit et le menaça,
Préférant souffrir, décidé à le quitter,
Plutôt qu’envisager un avenir biaisé,
Ne voulant partager ce qu’elle avait déjà .
Je préfère être seule dans mon nid douillet,
Lui dit-elle, décidée mais encore tremblante,
Mon indépendance prime pour moi et me hante,
Cesse donc de rêver de grotte, ours mal léché.
Tu tires vraiment trop de plans sur les comètes,
Si elles scintillent tant, elles ne font que passer,
Dans le firmament, tu peux bien les contempler,
Chacun chez soi, c’est pourtant un marché honnête.
Je n’ai rien de mieux pour l’instant à proposer,
Quittons-nous maintenant bons amis si tu veux,
Médusé, il voyait éclater tous ses vœux,
En vérité, c’est à prendre ou bien à laisser.
L’ours déconfit, dans sa grotte, se retrancha,
Il pensa, réfléchit à son destin au mieux,
Piteux et honteux de ses rĂŞves merveilleux,
C’est ainsi que pour elle, il les abandonna.
Nul ne sait l’avenir et surtout pas eux deux,
De leur avenir, demain, ce qu’il adviendra,
Mais un peu plus d’amour entre eux leur conviendra,
Et peut-être qu’à la fin, seront t-ils heureux.
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L'homme est le rĂŞve d'une ombre
(vers 135-140 des Pythiques de Pindare, le prince des poètes).