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     L’injustice du cadi et la justice du fou
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Expéditeur Conversation
NAJIALI
Envoyé le :  20/11/2015 21:56
Plume de satin
Inscrit le: 16/11/2015
De: ALGER ALGERIE
Envois: 37
L’injustice du cadi et la justice du fou

Le vieux Mahrane marchait dans son jardin, courbé en deux, le poids des ans pesait sur lui, la maladie lui oppressait la poitrine, il s’appuya contre un arbre, le temps que passe cette douleur qui lui serrait la poitrine.
Le cadi Saquât suivait la scène de sa fenêtre, il se frottait les mains, le vieux Mahrane allait mourir, comme ça, il pourrait forcer Loqma le fils de Mahrane à lui vendre la maison et le jardin.
Il avait fait plusieurs tentatives auprès de son voisin Mahrane pour obtenir satisfaction, et le vieux refusait toujours en lui répliquant.
-Cadi ceux qui ont encore du bon sens, ne vendent pas ce qui leur reste de leurs ancêtres !
Et le cadi en son for intérieur se mettait en colère contre le vieux têtu de voisin, mais sans laisser apparaitre sa colère, dans une apparence hypocrite, il disait :
-J’aime entendre cette sagesse de ta bouche, vieux Mahrane, elle me fortifie !
Et le vieux Mahrane sentant la perversité de son voisin, lui répondait :
-Et pourtant la sagesse est l’habit des cadis !
Un jour l’ange de la mort s’arrêta devant la maison du vieux Mahrane, pour récupérer l’âme qui était en dépôt dans le corps de ce dernier.
Après les funérailles et l’oraison lue par le cadi Saquât et d’un air des plus hypocrite, devant l’assistance il a laissé perler quelques larmes de voisin bienveillant, touché par la perte de son vieux voisin,
il s’appliqua à apparaitre, encourageant Loqma à avoir du courage et supporter la douleur de la perte de son père, et s’il avait besoin de quelque chose, il était là, il n’avait qu’à le lui demander, les gens furent touchés de tant de sollicitude de la part du cadi, même ceux qui ne l’aimaient pas et le craignaient n’en croyaient pas leurs yeux.
Quelques jours après le cadi fit circuler par ses relais, une information, stipulant qu’il a fait un rêve, ou il s’est vu propriétaire de la maison et jardin du vieux Mahrane, et que Loqma a accepté de lui vendre ce qu’il a hérité de son père.
L’information fit le tour de la ville, puis de la campagne, elle s’est vue même atterrir dans la cour du palais, certains courtisans véreux du cadi, conseillèrent ce dernier de rendre le rêve ‘’réalité’’.
Le cadi Saquât fort de ce conseil, demanda à ses conseilleurs comment réaliser son rêve-vœu. Et ceux-là de lui dire : presse le jeune Loqma par des propositions d’achat.
Loqma était assis avec sa femme dans le jardin, en train de siroter le thé, comme il avait l’habitude de le faire avec son père, voilà qu’il entend frapper à la porte d’entrée, il ouvre la porte c’était le cadi, accompagné du conseiller du roi, le cadi et le conseiller était très liés, amitié et parenté.
Loqma qui était simple, avait cru que le cadi lui rendait visite d’amitié et de voisinage, il l’accueilla avec un sourire.
-Monsieur le cadi, quel plaisir de voir votre seigneurie dans mon humble demeure.
-Alors Loqma toujours aimable avec les voisins comme ton père !
-Je sais monsieur le cadi, vous lui rendiez souvent visite, et vous voulez garder la tradition intact en daignant rendre visite à votre humble voisin !
-Loqma je suis venu te dire que je suis acquéreur au cas où il te viendrais à la tête de la vendre !
-Pour le moment monsieur le cadi, je n’ai aucune idée en tête que celle de pleurer mon père, et de prier pour lui !
-Alors te voilà averti, moi seul doit posséder cette maison et son jardin en cas de vente !
Sur ces dernières paroles, qui sont en fait une menace, le cadi Saquât quitta les lieux et laissa Loqma pensif.
La femme de Loqma ayant entendu tout ce qui s’est dit entre son mari et le cadi, comprit le jeu de ce dernier, elle était avisée, car elle fut autrefois une élève du vieux Mahrane, il lui avait appris comment lire les livres ouverts que sont certains gens bas et véreux. Elle dit à son mari
-Va voir quelqu’un et conte lui la visite du cadi !
-Qui ? Lui dit son mari, il y a ceux qui vénèrent le cadi, ceux-là pourront user même de la force pour que je cède, il y a ceux qui le craignent, ceux-là ne me seront d’aucun secours !
-Essaie peut-être que Dieu mettra quelqu’un sur ton chemin et il te sera d’un grand secours et garde ta foi en Dieu.
-C’est ce que me conseillait toujours mon père, ‘’mon fils’’ me disait-il ‘’la foi en Dieu c’est l’arme idéale pour supporter les épreuves’’, en t’entendant me le dire, j’ai l’impression de l’entendre.
-N’oublies par mon cher mari, que ton père était mon maitre !
Loqma sortit de la maison et erra dans toutes les ruelles de la ville, à la recherche de celui auprès duquel il allait demander conseil, mais il ne rencontrait que ceux bombant le torse, ou ceux se faufilant, comme trainant la crainte, d’être vu et reconnu, peiné il s’engagea dans une petite ruelle étroite, il s’asseya par terre dans un coin, fatigué et las de chercher, il n’avait pas remarqué qu’il était assis sous la fenêtre d’une petite bicoque, il commença à se parler :
-Comment vais-je faire ? Je sais que le cadi est puissant et vénéré par toute la lie de la ville, et que ceux qui restent le craignent et ne peuvent ni m’aider, ni me conseiller, et lui, il veut à tout prix que je lui vende la maison.
Il entendit une voix au-dessus de lui, qui lui dit :
-Dis-lui cadi ceux qui ont encore du bon sens, ne vendent pas ce qui leur reste de leurs ancêtres !
Loqma leva sa tête, et vit au-dessus de lui dans le cadre de la fenêtre, le fou de la ville, il s’appelait Bouhloul, les petits gens l’aimaient, et les riches l’évitaient, car parfois ils leurs jetait à la face, leurs hypocrisie, et leurs bassesses dans un langage que seuls les fous ont les artifices.
-Ecoute bien ! Lui dit Bouhloul dis-lui ‘’ cette maison est la seule odeur qui me reste de mon père, et le besoin de sentir encore mon père devant moi est vivace dans mon cœur, et chaque coin de la maison ou du jardin me rappelle un pan de la vie de mon père, et cette odeur m’encourage à marcher dans le sillage de mon père !
Fort de ce conseil, Loqma s’en retourna chez lui, et conta à sa femme ce que lui a dit le fou de la ville.
-Ecoute-moi cher mari le fou que tu crois fou, n’est pas fou, et c’est toi et moi devant lui qui sommes fous !
-Comment chère femme, ce fou qui court dans les ruelles de la ville chevauchant une branche de bambou, comme s’il s’agissait d’une monture n’est pas fou, et moi je suis fou ?
-Ecoutes-moi Loqma cet homme que tu crois fou est en réalité, un des plus grands érudit de cette contrée, mais comme le roi de l’époque voulait en faire un cadi, il a pris le bambou comme tu dis, et il l’a chevauché pour qu’on le prenne pour un fou, et il a esquivé la mission dont on voulait le charger, et ce pour ne pas être la cause des malheurs des créatures de Dieu pour le plaisir du prince du moment et de ses alliés, et ce secret garde le pour toi, car seul ton père savait sa véritable personnalité, m’as-tu compris maintenant !
Comme Loqma répondait toujours au cadi comme l’avait conseillé Bouhloul, le cadi rentra dans une grande colère, il se fit accompagner par les gardes du palais de justice, donna une bourse d’argent à Loqma et le chassa de sa maison et le força à signer l’acte
de vente.
Loqma fort peiné et malheureux, alla à la recherche de Bouhloul pour lui conter ce qui lui est arrivé, il ne le trouva pas dans sa bicoque, il alla à la place du marché, où il avait l’habitude de voir le fou courir chevauchant son bambou.
Bouhloul vit de loin, Loqma qui se dirigeait vers lui, il le devança en allant vers lui chevauchant son bambou et l’interpella en s’amusant :
-Si tu veux faire la course avec moi, apporte ta monture, je t’attends à la sortie de la ville !
Et Bouhloul s’en va enfourchant son bambou et dans sa course, fait soulever une petite poussière avec son pied, comme un cavalier sur sa monture et qui partait au galop. Les gens riaient, et Loqma suivit le fou.
A la sortie de la ville Bouhloul attendait Loqma.
-Ecoutes moi bien ! lui dit-il.
-Il ma chassé de la maison de mon père !
-Tu vas faire ce que je vais te dire, demain avant la prière de l’aube, tu viendras devant la maison du cadi, et tu feras ce que je ferais, as-tu compris ?
-Oui j’ai compris ! dit Loqma !
-et pas un mot à quiconque !
Le lendemain les deux hommes étaient à l’affut, devant la maison du cadi, ce dernier qui sortait de sa maison pour se rendre à la mosquée, et assister à la prière de l’aube, reçut un coup sur la tête, il fut enveloppé dans une couverture les deux hommes le chargèrent sur leurs dos et s’en allèrent avec.
Dans une bicoque abandonnée il fut mis dans un cercueil. Et
Bouhloul dit à Loqma, tu vas faire le tour de la ville, et crier que le cadi Saquât est mort et qu’il est demandé aux gens de venir assister à l’enterrement, et faire la prière sur le mort.
Le roi qui avait l’habitude de recevoir chaque matin, le cadi pour s’enquérir des affaires de justice dans son royaume, ce jour-là il ne vit pas le cadi. Il appela son vizir.
-Alors vizir et le cadi ?
Le vizir lui répond ‘’Sir le cadi est mort, et aujourd’hui on l’enterre’’
-Quoi mort et tu n’assistes pas à l’enterrement, tu vas de ce pas y assister, et me tenir informé du déroulement des obsèques !
-Bien sir !
Le vizir se rendit au cimetière, et trouva des groupes de gens bien alignés l’un derrière l’autre, et Bouhloul en tant qu’imam menait la prière du mort, le fou ayant remarqué l’arrivée du vizir, s’arrêta de prier, et adressa la parole au vizir en ces termes.
-Oh vizir, notre bon cadi est mort, et vous arrivez à temps, pour faire la prière avec nous, et je sais aussi que vous voudriez jeter un dernier coup d’œil au mort en guise de bon ami du cadi, pour vous souvenir de son visage pour une dernière fois, et Bouhloul souleva le couvercle du cercueil, et le vizir vit le cadi ficelé et muselé dans son cercueil, il le libéra et lui demanda ‘’qui t’a fait ça’’ et le cadi qui respirait difficilement désigna du doigt Bouhloul et Loqma.
Le vizir fit arrêter les deux hommes et les mena devant le roi.
Le roi s’adressa à Bouhloul :
-Espèce de fou pourquoi as-tu fait ça ?
-Mon roi ! dit-il ‘’j’ai vu en rêve que le cadi est mort, et que j’ai été désigné pour mener la prière du mort, alors j’ai réalisé mon rêve !
-Mais le rêve ne se réalise pas dans la réalité, que me chantes-tu là, tu fais un rêve et tu le réalise espèce de fou !
-Sir vous êtes sûr que les rêves ne se réalisent pas dans la réalité ?
-Sûr et certain, et toi et ton ami vous allez payer ce que vous avez fait !
-Alors demandez à celui-là ‘’en désignant le cadi’’ pourquoi il a réalisé son rêve dans la réalité, puisque les rêves ne réalisent pas dans la réalité, pourquoi a-t-il chassé Loqma de sa maison en lui donnant une bourse en guise de paiement, et il l’a contraint à signer l’acte de vente, pour réaliser son rêve !
-Quoi s’exclama le roi, se tournant vers le cadi, une injustice sous mon règne, et par celui que j’ai désigné pour rendre la justice !
Le cadi se fit tout petit et le roi ordonna au garde, désignant le cadi.
-Garde emmenez-le !
-Vizir s’écria-t-il, l’acte de vente est nul et rendez la maison à Loqma.
Et puis le roi se tourna vers Bouhloul.
-Je jure par Dieu que tu es plus sain d’esprit que nous tous, et tu ne le laisses jamais paraitre.
Et Bouhloul enfourchant son bambou, se tourna vers un soldat et
lui lança ‘’si tu veux faire la course avec moi, apporte ta monture, et rejoins-moi à la sortie de la ville et s’en alla, laissant le roi et sa cour.

Lexique des noms usités :
Cadi= juge
Mahrane= deux dots ‘’ la sagesse n’a pas de prix.’’
Saquât= vil, bas dans cette vie la bassesse pour agir, elle se cache toujours derrière la force.
Loqma= bouchée ‘’les gens simple sont avalés par les requins comme une bouchée.
Bouhloul= fou la sagesse de certains fous n’est pas comptable.
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