Ollé ! elle est morte la bête
(dernière parade)
Mais pourquoi ? Qu’ais-je donc bien fais pour être si puni ?
Depuis tout jeune, dans le pré vert, J’ais toujours été gentil.
Mes maîtres m’appelaient ‘Tauriz’ et me nourrissaient bien.
Une fois, un peu plus grand, ils m’ont brossé très tôt le matin.
Ils me parlaient affablement, moi je ne saisis pas ce jargon.
Par contre j’ai un mauvais pressentiment, ça tourne pas rond.
Je dois monter dans le van, j’ai très peur, ce bruit de moteur !!
Ça bouge, j’ai du mal à tenir droit, c’est l’enfer, quel malheur.
Enfin c’est de nouveau calme, la porte s’ouvre et je descends.
Me voilà en compagnie d’autres ‘Eral’, j’ais un peu plus d’un an.
Le lendemain ils nous emmènent en ville, à Mont de Marsan
où il y a une foule de gens énervés vêtus de rouge et de blanc.
Tout à coup, nos maîtres nous tapent et on se met à courir.
Dans les rues, parmi les hommes qui crient à ne pas finir.
Je suis perdus, c’est dément, horrible, moi j’aime les gens.
Cette féria folle on me l’a fait subir jusqu’à mes quatre ans.
On me disait alors ‘ Toro ’et ils m’appelaient « El Diablo ».
Tous les jours dans un clos, un pantin me formait « paseo »
Il m’excitait avec des linges rouges et me piquait le dos.
Il fallait que moi, je devienne méchant, le vrai El diablo.
Enfin vint le jour fatal, ce jour, on m’enferma dans une cage,
face à un espace de sable rempli d’autres pantins en grimage.
La porte s’ouvrit et une foule immense braillait et gesticulait.
J’étais seul parmi ce monde en transe folle qui me regardait.
Je voulais repartir, mais les ‘picadors’ tournaient autour de moi.
A chacun leur tour de me planter des banderilles avec effroi.
Le public scandait ‘ollé, ollé’, mais pourquoi tout cela enfin ?
J’ai de plus en plus mal, je saigne au cou, à l’échine aux reins.
Ouf ! ils s’écartent, un homme approche en habit de papier.
Juste au corps ridicule, le public est debout et scande ollé.
La polichinelle armé d’une épée s’avance tel un assassin.
Que me veut-il, je souffre déjà beaucoup, je suis si vain.
Il m’effraie avec sa muléta rouge qui cache sa longue épée.
Il est fier face à son grand public, il a l’air bizarre, décidé.
Il avance droit vers moi et me transperce de son arme fatale.
Les gens crient. On me traîne hors de l’arène. Je n’ai plus mal.
CHRIS Pour vous
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chris pour vous
salutations