Poésie, reviens vite ensoleiller mon âme,
Le ciel est assombri, car il vient de polluer,
Les voitures au pas roulent, tous phares allumés,
Et l’air est saturé de particules, infâmes.
Dans dix-huit mille usines du carbone qui crame,
Là où, hier, l’agneau, buvait une onde pure,
Il sera terrassé, demain, par le cyanure,
Le pêcheur à la ligne n’a qu’à ranger ses cannes.
Et dans le Mercantour s’affole le Geiger,
Et ils coulent à flot, les glaciers de Norvège,
Nous irons en Islande, voir jaillir les geysers,
Mais verrons-nous, chez nous, encor tomber la neige ?
Existe-t-il, au monde, des pays de Cocagne ?
Et pourrons-nous clamer que la montagne est belle ?
Les amants se promènent, seuls, dans la campagne,
Canicule en été, en hiver plus de gel !
Il eut quatre-cent ruches et vingt millions d’abeilles,
Il fit du miel de rose, et du miel de forêt,
Et, plus que tout, redoute une lune de fiel,
Au dessus de l’Anjou, des montagnes d’Arrée.
Quel temps nous reste-t-il pour cueillir les fruits mûrs,
Et des mots et des fleurs, faire une rhapsodie ?
Pour chanter les merveilles léguées par la nature,
Et boire, comme les dieux, la précieuse ambroisie ?
Dumnac