Au paradis lointain.
Au paradis lointain.
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Le rêve s'accorde, à flanc de colline, en splendide,
Une lune qui nage sans relâche, au ciel sans repos,
Un azur teinté de profond, qui s'enfuit, sans bride,
Souvenirs lavés, l'homme de nuit avance, en chapeau.
L'aile bleue capture un filet blanc, découpe l'architecture,
Trace la fresque d'un mirage où se déploie le féerique,
Il avance, en monument, noir, éperonnant l'aventure,
Quand tombent sur lui, en poussière, les étoiles magiques.
A cheval, cheminot qui touche du doigt le divin,
Le sombre tourbillon marche vers les anges déchus,
Un délire les tortures, l'esprit cherchent la chair et le vin,
Arrime au paysage mollement ivre, alentour en atome crochu.
L'espace joue dans les larges, et reprend toutes ses aises,
Ripoline le zinzolin bleu et blanc d'une promenade solitaire,
Le maître, en tenon, ajuste en serments candides la mortaise,
Il chemine, une lune par-dessus tête : la nuit bleue va se taire.
Accrochant à un doux rêve, au rythme des pas incertains,
Au crépuscule d'un dieu, le mirage d'un paradis lointain.
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Illustration : Le maître d'école. René Magritte. 1954.
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