Les arbres dénudés pointent vers le ciel pur
Leurs branches raides et blanches, ainsi que des bras morts.
Le lac est pris en glace, et dans le froid si dur
Une brume laiteuse nous cache l'autre bord.
Nous marchons tous les deux, bien couverts, bien au chaud,
Aspirant l'air glacé qui nous pique les joues,
Dans cet univers blanc qui donne le repos
Par son silence ouaté qui étouffe tout.
Nous n'entendons que le sol craquer sous nos pas
Et regardons les arbres tout enguirlandés
D'un feston de givre qui se dissipera
Quand un soleil pâli viendra le caresser.
A l'est, un bleu diaphane, acide et lumineux
Annonce l'arrivée d'un beau jour sans nuages,
Clair comme notre amour, brillant comme tes yeux,
Rayonnant de douceur comme ton cher visage.
Ton haleine se glace et vient se déposer
Sur tes joues et tes cils. Je vais me rafraîchir
En venant sur le champ, par de petits baisers
Sur ta peau veloutée, doucement la cueillir.
Nous nous prenons les doigts, tendrement réunis,
Puis nous continuons, tout le long du chemin,
Rêvant à ce que le futur nous a promis:
Un amour aussi pur que le ciel ce matin.
Le 19 Décembre 1989
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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)