Les morsures de l'abandon, prégnantes dans la chair,
Toujours brulantes à mon front, ont des crocs fait d'éclairs.
Cette soeur de la trahison, familière à mon coeur,
Invisible tison, ravive mes douleurs.
Parfois de l'opaque flacon transparait sa couleur,
De cet infâme poison j'en connais l'odeur.
Le dard du scorpion inspire la terreur,
Sous quel talon disparaîtra l'intolérable frayeur ?
Quel immortel papillon aux ailes de douceur
Percera le cocon où l'inquiétude demeure ?
Pour franchir le rubicond de ces tourments batailleurs,
J'irai à tâtons vers celle qui saura sécher mes pleurs.
Vous seule le pourrez sans doute, mon âme soeur,
Me prenant la main et m'emmenant ailleurs,
Paume contre paume dissoute, brisant la chaîne du malheur,
Cela suffit à assouvir ma faim d'un lendemain rieur.
Ruben.
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Pendant que l'on attend de vivre, la vie passe.
SÉNÈQUE.Ruben