Quand le père rentrait en secouant la neige
De ses bottes fourrées de mouton bien épais
Avec un beau sapin dont les branches piquaient
Tous les enfants étaient ravis du privilège
Le petit arbre était planté dans un chaudron
Suffisamment spacieux pour qu’il ne souffre pas.
Mon père allait chercher la grande boîte en bois
Puis laissaient les enfants pour la décoration.
Dans la boîte on trouvait de modestes sujets
En feutre et en coton ou en simple bois peint
Les boules étaient rares et coûteuses, il fallait bien
Faire très attention pour ne pas les briser.
Des bonhommes de neige gros comme le pouce
Voisinaient avec de jolies cages d’oiseaux
De petits rennes blonds, de mignons angelots,
Des glaçons brillants et des colombes très douces
En ce temps là , point de lumières clignotantes
Des guirlandes dorées aux aiguillons très doux
Des cheveux d’anges fins, étincelant partout
Et des bouts de coton pour la neige tombante
Pour finir le décor, les petits découpaient
De belles étoiles ou de fins cristaux de glace
Que les plus grands peignaient puis les mettaient en place
En guirlandes d’argent ou d’or qui scintillaient
Et l’aîné au pinceau, sur un bout de carton
Ecrivait un Noël en lettres enluminées
De fines tiges vertes et fleurs entrelacées
Qu’on plaçait au pied du sapin en finition
Alors le soir venu, tous posaient leurs chaussons
Au pied de l’arbre qui brillait à la lumière
Le père ajoutait là une carotte entière
Un navet, de la paille et sonnait le coucher
Les aînés partaient pour la messe de minuit
Pendant que les petits avaient mal à dormir
Ils étaient sûrs qu’un visiteur allait venir
Affrontant le froid vif qui cinglait dans la nuit
Au matin, à l’appel, vite on mettait culotte,
Et à la lumière tremblante des bougies,
Au pied de l’arbre attendaient des paquets jolis.
Plus de paille et marques de dents sur la carotte
Les cadeaux étaient simples et souvent très utiles
Les temps étaient trop durs pour de nombreuses gens
Qui avaient bien du mal à gagner leur argent
Pour trop le gaspiller en dépenses futiles
Noël simples et joyeux, Noël ou la famille
Se retrouvait midi pour un repas de fête.
Noël de gens heureux, et dans toutes les têtes
Résonnait le bonheur des consciences tranquilles.
Le 20 novembre 2005
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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)