Cour des miracles.
Cour des miracles.
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"Les demoiselles au bal, en soir."
Sonnette acide, tintinnabule,
Carillonne rue des fauves,
Au bout un pèlerin somnambule,
L'espace déconstruit le mauve.
La force se tait,
L'aigre au front,
La provocation s'expose,
Les portes acides grelottent.
Chanson du bordel au vilain,
Main tendue aux bâtards,
Plaie géométrique à la main,
Vent aquilin des fêtards.
Pyramides des déserts décimés,
Les sphinx en gueules opaques,
Dieux provocateurs, élimés,
La rue contre-attaque.
Les sentiments morts,
Ensevelissent les amours morts,
Corbeaux aux plaines de glaise,
Gargouilles qui biaisent.
La ville voyeuse s'éternise,
Passe à la trappe, le rideau se rue,
Les rois de la nuit pissent à la rue,
Ruelles chaudes en air de Venise.
Les façades aux âmes déchirées,
Promènent le regard partout,
Cour des miracles, couteaux retirés,
L'amour dispose l'assemblée des fous.
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Illustration : Les demoiselles d'Avignon de Picasso 1907.
Titré à l'origine : "El burdel de Avinon" en souvenir du nom d'une rue "chaude" de Barcelone.
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