La fille du marchand de saison.
La fille du marchand de saison.
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Dans la tour de verre, en gigantesque,
La fille du marchand des quatre saisons,
Invente des histoires abracadantesques,
Et chante en rêvant au creux des vallons.
A la fenêtre, penchée sur des merveilles,
Elle dessine, à fresque, et couleurs à l'eau,
A la buée des carreaux, aux rayons du soleil,
Et elle trempe son doigt à la rosée du coteau.
Voici, bientôt, à grands traits malhabiles,
D'étranges oiseaux à la destinée gracile,
Ils décollent de la cage de verre,
Essayant leurs ailes éphémères.
Plus loin, passent les dieux immobiles,
Les gros ventrus qui dorment debout,
Tapant leurs cuisses de grands rires débiles,
Repliant les oreilles et fouettant les bambous.
Quand passe l'oiseau au cerf-volant,
Le vent s'engouffre, siffle dans la tour de verre,
Et la fille du marchand, s'en va, caracolant,
Sur une marelle où se dessine la terre.
Les rires dans la chambre,
Le long des quatre saisons,
Perce l'arc en ciel et l'ambre,
Du plafond percé de rayons.
Et les yeux remplis de verre,
Perché, là -bas, sur son épaule,
Ouvrant au vallon, cage à terre,
L'oiseau s'échappe et miaule.
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Illustration : Jeune fille à la fenêtre. Balthus.
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