Il est un air pour qui je donnerais...
IL EST UN AIR POUR QUI JE DONNERAIS....
Il est un air pour qui je donnerais tout Rossini, tout Mozart, et tout Weber... un air très vieux, languissant, qui me vient... d'un pays qui me cherche comme je le cherche...
Chaque jour, je l'attends,je l'espère. Je le hante. Chaque jour, il m'attend, il m'espère. Il me hante. Dans le secret, dans un lieu, dans un temps que je ne puis décrire. Dans un endroit caché, entouré de viscères labyrinthe en chemins, en frontières horizon, en grimage et eaux troubles...
Il est là et me parle parfois, vagabond et tenace, aux heures de silence, aux heures de vacance attendues par le soir... Il est un lieu béni, un pays dont je rêve sans que ma vie le connaisse. Un pays qu'on verrait recouvert d'ocres rouges, de soleil et de rires, de collines jaspées, de rivières, de fruits, d'épices et d'herbes rares. Un pays d'un ailleurs toujours imaginé, toujours recréé, où ma vision s'enfonce puis accourt, sauvage et forte, libérer un tunnel encombré de valises et de fatras sordides.
Car la chanson revient, lancinante, lointaine et proche pourtant...
... J'ai connu le pays où fleurit l'oranger, la pays des fruits d'or et des roses vermeilles...
Alors, dans le silence et dans la nuit, sans une étoile pour me guider, sans un bagage du passé, sans le secours de quelque image, j'ai posé mon inspir au fond de mes entrailles, sur les os qui me portent, dans la force du souffle. Longtemps, dans ce silence, j'ai caressé le chant. Et puis ta peau, tendrement, simplement. J'ai écouté ce souffle qui me parlait de toi. Et j 'ai laissé couler les larmes dans le gouffre des peurs et des mots retenus. Longtemps, dans le silence, j'ai murmuré ton nom et ta nuit m'a bercée.
L'aurore s'est levée. Un oiseau a chanté. La brise m'a enveloppée. Un arbre m'a parlé. Ses feuilles ont dansé. Le soleil m'a réchauffée. La rivière m'a désaltérée. Le chemin de terre m'a offert une assise, un pas sage, un accord.
Et doucement, dans le silence, j'ai entendu ta voix. J'ai entendu ton chant. J'ai entendu ton Nom.
Et j'ai su que j'étais, au delà des barrières, des frontières, des grimages et des troubles des eaux,
et par delà le temps et par delà les lieux, le pays où fleurit l'oranger, le pays des fruits d'or et des roses vermeilles...
Anne De May
(texte ancien, non daté)
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