Plume d'argent Inscrit le: 26/10/2014 De: Cintegabelle Envois: 358 |
Dis leur Dis leur
Je vais commencer par quelques idées reçues: survêt, baskets, casquette. Tu devines où je t' emmène, dans quel quartier? Dans ma cité. Barbus, voilées, rebeus, lascars, verlan, poubelles brûlées, beurettes C'en est assez! Je suis sûr que, ça y est, tu y es!
Cité, tours, blocs...des mots qui te terrorise, te font peur. On tremble à l'idée de les traverser. Y vivre? Vous n'y pensez pas! Ces bandes de jeunes en bas des immeubles qui ont tous l'air de dealers. Détourne le regard, vite, vite, ne t' attarde pas.
Tu ne te sens pas le bienvenu quand tu nous rends visite. Faut pas nous chercher. Ras le bol de tes imbéciles clichés. Alors oui on rigole, on vanne, quand, bourgeois, Les yeux baissés, encanaillés, tu nous demandes du shit.
Mon père est chômeur, ma mère au foyer. Ils sont discrets. Quand tu parles peu ou mal une langue, tu fais profil bas. Mon frère fait de la taule: deux ans pour avoir trafiqué. On n'a même pas compris tout ce que disait l'avocat.
Ce grand frère qui n'a jamais pu allé à l'école Auto- radios volés, un peu de bouffe à la supérette. Case prison pour des cacahuètes. Depuis, nourrir la famille, c'est mon tour c'est mon rôle.
Apprendre un métier? Une formation? Avec plaisir! Mais pour survivre on fait comment pendant ce temps là? Sans un rond on va tout perdre, tout se faire saisir. Tu seras où quand ma mère, fin de trêve, expulsée, pleurera?
Pleurer sur sa culpabilité, ses rêves brisés, racines arrachées Eternelle incomprise d'un pays qui est/ qui n'est pas le sien Quand de tout son cœur elle s'est, jour après jour, appliquée A nous élever avec des miettes de tout, des miettes de rien.
Parqués dans ces tours, cette architecture grossière Doigt au ciel? Non: un vrai fuck à cette grisaille! Baraques de béton explosives comme une canonnière. Je rêve, quand j'ai le temps, d'être le passe-muraille.
Le soleil je le vois à la télé ou sur les cartes postales. Ici, il doit flipper. Et nos ombre qui s'effacent. "Vos papiers s'il vous plaît"! La police menace! Quelle identité? Je me sens nul, traqué, animal.
"Tous pareils: qui vole un œuf vole un bœuf!" Et ma main dans ta gueule, ça t'étonne? Solidarité, système D , rien de bien neuf. On s'organise entre nous, jamais on n'abandonne.
Je veux, comme toi, juste un peu de bonheur Donne- moi ta recette gros malin! Tes amis ne valent pas mieux que les miens. Rentre chez toi, penses y ...et dis leur...
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Plume d'argent Inscrit le: 26/10/2014 De: Cintegabelle Envois: 358 |
Re: Dis leur Chers amis merci pour vos messages encourageants. Je suis bien conscient que mes mots et mes textes n'ont pas la force ni la maturité de vos œuvres. J'essaye avec mes simples mots, vraiment très simpleś de traduire des images, des tranches de vie que je vois partout autour de nous. Je compte sur votre générosité et votre franchise pour me guider, m'aider à m'améliorer . Amitié à toutes et tous et surtout, continuez à nous émerveiller. PS: Plusieurs de vos écrits me donnent envie de les partager et il se trouve que dans le cadre du "Printemps des Poètes" je vais de temps en temps, à l'improviste, lire des poèmes dans les écoles de mon village. J'aimerais, mais je vous le demanderai systématiquement auparavant, lire quelques uns de vos textes. En effet, je crois que c'est avec de la poésie moderne que je pourrai en sensibiliser un maximum et ça compte énormément pour moi. A très bientôt ici ou ailleurs.
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