C'est Vincent qu'on assassine !
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"Pour atteindre cette haute note jaune,
Cette note que j'ai déjà atteinte, cet été,
Il faut bien me monter le coup, un peu,
Pour m'exprimer comme je le désirerais."
Trop tard !
Le plus peintre de tous, actionne déjà sa folie,
Pour sortir du tube, du pinceau et de la toile,
Pour recourir à l'anecdote, au récit et au drame,
Pour passionner la nature dans toute sa beauté.
Faire tournoyer tant de soleils ivres,
Tant de meules en rupture de banc,
Inonder de sang et de vin tout le paysage,
Et tremper la terre d'une dernière émulsion.
Vincent lâche les corbeaux,
Comme une balafre noire, une ligne sur le tableau,
Le battement sinistre de leur plumage riche,
Fait peser tout le soubresaut d'une tempête,
Et la menace : une suffocation venue d'en haut.
Et puis, il y a tous ceux,
Il y a tous ceux qui l'ont poussé au paysage,
En lui demandant de redresser sa peinture,
Tous ceux qui l'envoie se tuer et s'enterrer au paysage,
Pour soit-disant, échapper au mal à penser, avec la peinture,
Mais tous ceux-là , débarrassés, dès qu'il a tourné les talons,
En soupirant, le laisse seul, à disjoncter et à péter les plombs.
Alors,
L'affres du clou tournant dans le gosier,
En porte à faux, à deux pas du gouffre,
Malgré le semis soufré, tétanisé,
Sur sa toile magique, éternelle : Vincent peint.
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