Extase.
EXTASE.
Confondu par tant de beauté, j’étais là ému au-delà de l’imaginable, plongé dans un bonheur quasi extatique. Pourquoi à cet instant, devant un paysage merveilleux, certes, mais comme beaucoup de ceux que j’avais déjà rencontrés…oui, pourquoi ? Devais-je me contenter de cette jouissance sans chercher la raison d’un tel émoi ? Imagine une crête, faisant face à des aiguilles couvertes de neige, et ce sentier sinueux parmi des éboulis descendant vers une combe en pente raide ; sentier suppliant mes pas comme on réclame une caresse ; imagine un lac bleu dans son écrin de verdure…Imagine cela et viens à ma suite jusques aux rives cristallines ou fraient silencieusement les salmonidés. Un lac bleu pour un soleil si haut qui habite ses reflets. Le silence absolu recueillait les battements de mon cœur, je le sentais vibrer tel un humain, j’en acceptais l’étreinte et sa fusion étrange. Ce silence extraordinaire semblait chercher, lui aussi, le plaisir d’un partage égal et pénétrant au plus profond de l’âme. Pourquoi, à cet instant, l’heure et le lieu m’offraient-ils l’étendue de tous les possibles dans ce champ immense de liberté semblable à une carte postale figée ? A ce silence, il fallait donc l’évidence : de petits signes de vie telle l’apparition d’un couple de busards planant et dont on devinait les rares battements d’ailes qui les maintenaient en leur vol lourd. Ce silence percevrait-il l’éclat en mes yeux, l’émotion première qui embrassait cette nature divine.
Pierre WATTEBLED- le 27 avril 2014.
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