« Ab hora tertia bibebatur, ludebatur, vomebatur. » (Cicéron)
« À partir de la troisième heure, on buvait, on jouait, on vomissait. »
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Quand un souffle d'air frais par la fenêtre passe
Et vient nous caresser, au milieu de la nuit,
À l'heure où les poivrots se plaisent dans le bruit,
Ingurgitant l'infecte et sanguine vinasse,
À l'heure où le buveur urine dans l'impasse,
Avant d'aller cuver son vin dans un réduit,
Moi, je me plonge dans les choses de l'esprit,
Étudiant le Romantisme et le Parnasse.
Tu peux vomir dans cette impasse, vieux soûlard :
En t'appuyant contre le mur d'une maison,
Tu peux sur le pavé rendre ton vinasson !
Moi, j'ouvre lentement mes beaux ouvrages d'art,
Et j'y découvre les tableaux de Raphaël,
Dont les claires splendeurs me rapprochent du ciel...
***
La mort d'un être humain ne me réjouit pas,
Je ne dis pas souvent, en prenant un air sombre :
« Je suis content que celui-là soit dans la tombe,
« Depuis un certain temps j'attendais son trépas. »
Je ne prononce pas ces paroles sonores,
Mais un oncle aurait pu m'inspirer ce discours :
Il buvait de la bière et du vin, tour à tour,
Et ses nombreux méfaits me dégoûtent encore.
Ma mère en a souffert, durant longues années.
Ce n'est qu'en grandissant que j'ai pu dire : « Assez ! »
Alors cet homme, méchamment, m'a menacé,
Et ses paroles n'étaient pas très raffinées.
J'ai pris un risque en m'opposant à ce bandit ;
J'ai pris un risque énorme en le mettant dehors ;
Cet homme avait une arme à feu ; ô tragédie :
J'aurais pu recevoir trois balles dans le corps !
Tout le monde craignait cet homme redoutable
Que la police maintes fois interpella.
On disait : « Vous buvez ? Ne faites pas cela. »
On ne faisait rien d'autre ; on relâchait ce diable.
C'était le fils d'un criminel : père assassin.
Il aurait vraiment pu me flinguer, ce bâtard !
J'avoue que j'ai eu peur, mais je ne crains plus rien :
Au cimetière est à présent ce vieux soûlard !
***
Or, aujourd'hui je peux oublier ce bandit
Et me pencher sur mes splendides livres d'art
Où je découvre les tableaux de Fragonard,
De Vélasquez et de Léonard de Vinci.
Et je songe bien sûr à ma mère défunte
Qui reine ou paysanne, mystérieusement,
Chez Véronèse ou chez Rubens, peintre flamand,
Apparaît telle qu'en sa jeunesse éblouissante.
P.P. Rubens (tableau partiel)
Hélène Fourment, la deuxième épouse de Rubens, ressemble étrangement à ma mère...
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Je vous invite à découvrir mes poèmes, empreints de délicatesse, de romantisme, de spiritualité, etc. (Prononciation classique : i-on ; i-eux ; i-eur ; i-a ; i-an ; etc.)