Oasis des artistes: Poésie en ligne, Concours de poèmes en ligne - 6528 membres !
S'inscrire
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 


Mot de passe perdu ?
Inscrivez-vous !
Petites annonces
Qui est en ligne
162 utilisateur(s) en ligne (dont 147 sur Poèmes en ligne)

Membre(s): 1
Invité(s): 161

Ancielo, plus...
Choisissez
Dali
HĂ©bergez vos images
zupimages
Droits d'auteur


Copyright



Index des forums de Oasis des artistes: Le plus beau site de poésie du web / Poésie, littérature, créations artistiques...
   Prose (seuls les textes personnels sont admis)
     Flottement
Enregistrez-vous pour poster

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant | Bas
Expéditeur Conversation
guepard
Envoyé le :  26/3/2009 23:05
Plume de platine
Inscrit le: 23/9/2007
De: ALGERIE
Envois: 5798
Flottement


L’échine courbée sous le poids des ans, il prit son courage à deux mains. Il dévala la pente escarpée en direction de la plage. Il buta sur un talus et failli perdre l’équilibre. Il sentit son estomac se tordre pris en otage entre deux poumons sclérosés et un rouleau de boyaux ankylosés. Sa poitrine allait exploser. Il soufflait comme un bœuf. Ses yeux éjectés de sang allaient sortir de leur orbite. Dans un ultime effort, il racla le fond de sa gorge. L’obstacle franchi, il respira à fond l’air marin qui lui fit bomber le torse. Il retrouva son équilibre et dressa la tête vers le ciel comme pour se convaincre que ce jour ne pouvait pas ressembler aux autres. Un évènement de taille allait se réaliser. Il avait ce pressentiment mais il ne savait pas ce que c’était.

Comme d’habitude il alla s’adosser au rocher habituel, face aux vagues agressives qui s’affalait au contact du roc imperturbable. Ce dos qui lui faisait toujours mal. D’entre tous les galets, son choix se porta sur celui qui lui paru le plus résistant et le plus facile à manipuler, épousant parfaitement la paume de sa main droite.

Un oiseau comme on n’a pas l’habitude d’en voir dans cette contrée se posa sur son épaule et se mis à lui picorer les yeux. Le sang gicla sur le sable doré et ses cris refoulés, conséquence de cette douleur sans nom, étaient la manifestation d’un destin qu’il devait subir sans réagir.

Le seul contact avec le monde extérieur qui lui resta était la pierre lisse qu’il tenait au creux de sa main, après avoir perdu tout espoir de recouvrer la vue.

Il commença alors l’apprentissage du braille à ciel ouvert. Subitement il prit conscience des sensations procurées par le toucher. Le sable chaud glissait entre ses doigts. Il devait rassembler ses deux mains pour pouvoir en contenir une poignée insignifiante. Les coquillages qui occupaient le bord de la plage n’avaient pas le même contact avec la plante de ses pieds nus et lui procuraient des sensations différentes des oursins noirs dressés comme des mines qui au lieu d’éclater se contentaient de dresser leurs épines. Il senti comme une gêne et se mis à boitiller. Il butta sur un rocher sur lequel il posa les mains qui lui transmirent à la vitesse éclair la planimétrie des lieux qu’il ne pouvait pas voir.

Des dons insoupçonnés se développaient en lui. A défaut de voir le monde qui l’entourait, une lumière soudaine le guidait dans le noir absolu qui l’enveloppait. Il se surprit à lire le passé des objets qu’il touchait par le seul contact de ses mains.

A mesure que le temps passait l’intensité de la chaleur se faisait de moins en moins forte. Les secondes se succédaient précipitées dans l’abîme du temps qui suivait la courbe tombante du soleil. Les rayons adoucis par cette déclinaison naturelle balayaient son visage apaisé et plus serein. Il comprit que la nuit venait de tomber aux cris des mouettes qui s’étaient évanouis. Il perçu des pas à quelques encablures de l’endroit ou il se trouvait. Sans doute des amateurs mordus de pêche nocturnes munis de leurs moulinets.

Brusquement sa main droite se mit à frissonner. Des ondes s’irradiaient en un flux ininterrompu le long de ses membres supérieurs. Il sentit une chaleur qui se dégageait de la pierre qu’il tenait au creux de sa main. Une lumière intérieure envahissait son esprit qui se mit en éveil. Un dialogue s’ensuivit avec le galet qui s’articula autour de ses origines lointaines.

Un touriste de retour de Bretagne l’avait ramené dans ses bagages pour l’offrir à sa mère en guise de « tayamoum » parce qu’elle était dans l’incapacité de répéter ses ablutions à cause de son incontinence. Au cours du contrôle des douaniers, au port, le touriste l’avait par inadvertance oublié sur le comptoir du préposé. Après plusieurs péripéties il échoua à l’endroit ou il a été ramassé. Dans sa hâte d’en savoir plus il pressa de plus en plus fort sur le galet. Il fut entraîné soudain dans un tourbillon qui le précipita dans le goulot d’un entonnoir la tête en avant.

Le choc violent de sa tête, sur le clavier de l’ordinateur, le réveilla la main posée sur la souris. Il s’était assoupi en pleine conversation. Sur l’écran s’affichait le dernier message de son correspondant déconnecté.

« bzzzz. Tu n’es plus là, alors bonsoir »


crisroche
Envoyé le :  27/3/2009 16:47
Plume de diamant
Inscrit le: 27/7/2008
De: RĂ©sistance
Envois: 13522
Re: Flottement


----------------

guepard
Envoyé le :  27/3/2009 23:12
Plume de platine
Inscrit le: 23/9/2007
De: ALGERIE
Envois: 5798
Re: Flottement
Honore
Envoyé le :  28/3/2009 16:51
Modérateur
Inscrit le: 16/10/2006
De: Perpignan
Envois: 39530
Re: Flottement
On se laisse prendre au récit de cette fiction dont le réalisme est tel que seul l'éveil brutal nous en sépare.
HONORE
guepard
Envoyé le :  28/3/2009 22:31
Plume de platine
Inscrit le: 23/9/2007
De: ALGERIE
Envois: 5798
Re: Flottement
Merci HONORE. Ton appréciation m'honore.
ahlami
Envoyé le :  31/3/2009 11:30
Plume de platine
Inscrit le: 9/5/2007
De:
Envois: 2420
Re: Flottement
Ne baisse plus la tĂŞte
Ne rase plus le mur,
Aujourd'hui, c'est la fĂŞte
Echappe au monde obscur !

Relève bien la tête,
Regarde le futur,
Affronte la tempĂŞte
Vers l'horizon azur !

Marche ..., et va tout droit,
C'est lĂ , ton seul droit.

(Droit oĂą endroit)




Amina
guepard
Envoyé le :  1/4/2009 0:31
Plume de platine
Inscrit le: 23/9/2007
De: ALGERIE
Envois: 5798
Re: Flottement
Ta présence me réconforte. Oui en effet c'est la seule alternative qui reste à l'homme emporté par le tourbillon de ses tourments: relever la tête bien haute et affronter dignement son destin. Finalement la vie n'est qu'un beau rêve illusoire qu'il ne faut pas transformer en cauchemars. Amina ton commentaire va droit au coeur. Merci mon amie.

clotilde
Envoyé le :  2/11/2014 13:05
Plume de platine
Inscrit le: 23/3/2006
De: Le nord des ch'tis
Envois: 3019
Re: Flottement
Magnifique !


----------------
Mon voeu cette année procurer du bonheur dans mes textes ou histoires.

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant |

Enregistrez-vous pour poster