Plume de soie Inscrit le: 12/5/2008 De: Paris Envois: 159 |
une adolescence en banlieue parisienne Le 93 en 60
Dans les années 60, pas de violence pour exister ! Mes potes, c’est Baziz, Eric, Smaïn, Nicole, Hocine, Charles, Karim, Pascal, Mamadou, Enrique, Méziane, Serge, Attifa, tu vois un peu le bol !
Notre cité s’appelle Saint-Just, qui ça ? Trois bâtiments qui se suivent dans les tons bleu « Devant », c’est le parking, deudeuche, DS, Simca, « Derrière », c’est bac à sable et espace pour footeux !
On joue « Derrière », entre immeuble et mur de jardins. Quand le ballon s’envole par-dessus, malheur ! Il faut bien aller le chercher chez les voisins Courte-échelle, saut et retour ; au moins mille heures !
Le Tour de France fait étape dans l’bac à sable Les billes roulent sur les routes jaunes du Mont Vantoux Les Dinky et les Norev suivent impeccables Maillot jaune et peloton la jouent roue dans roue
Blanc-Mesnil accueille la coupe du monde de football ! Les grands favoris, bien sûr, c’est nous, les « Saint-Just » Ceux des Tilleuls auraient dû rester dans leur hall On a gagné vingt quatre à vingt et un, juste !
Au match retour, on traverse tout Blanc-Mesnil On arrive crevés aux Tilleuls, l’ennemi, c’est eux… On s’est pris une grosse raclée, Chef-d’œuvre en péril ! On s’en fout, nous sommes des potes respectueux
Les futurs pros jouent au club des « Cur’tons », l’Etoile ou au CSBM, le club rouge des Cocos un dimanche, les clochent sonnent à tendre les voiles le suivant, c’est l’International qui a bon dos…
Dans notre cité, faut écouter l’aîné Malheur à celui qui traîne après sept heures Grand frère l’attend devant la cage d’escalier Pour filer une volée aux retardataires menteurs ! Ados, on aime les mobs, surtout les Peugeot Tu crames le pot, tu dépasses le mur du son ! Ça sent la démerde, et les petits bobos On fonce sur nos bleus 103, la tête dans l’guidon
A la télé, le plus violent c’était Zorro Côté hémoglobine, depuis, on a fait mieux il me prêtait son masque et je filais sur Tornado Aujourd’hui, trop de monstres immondes à mettre au pieu
Même pauvres, on a plein de télés… récupérées Elles ne fonctionnent pas, mais ça, on s’en fout C’est pour, à coups de marteaux, les exploser Ça fout les j’tons, dans les caves, on éclate !
La télé d’alors est comme nous, noir et blanc, Avec des nuances que personne ne perçoit Cathos, muslims ou feujs, on s’péte pas les dents Au nom de grandes causes, que personne ne perçoit…
On n’avait pas grand’chose, mais on ne manquait de rien Nos parents étaient fonctionnaires, ouvriers C’était peut-être notre chance, si on regarde bien, D’ignorer ce chômage qui fait tant dévier…
Ce n’était pas le paradis, mais pas l’enfer. C’était le Quatre vingt treize, tout simplement. Depuis, on l’appelle le neuf - trois, j’suis vénère… Un point qui assomme, des poings qui rançonnent.
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