La maison de mon enfance…
Qu’avait-elle d’extraordinaire
Blottie dans mon imaginaire
Recelait-elle des trésors
Dont la magie m’envoûte encore
Le seuil taillé en pierre bleue
Gardait la porte peinte en blanc
Franchir les marches deux par deux
Ne nous prenait qu’un court instant
Vestes manteaux écharpes ôtés
Enfilé le long corridor
Notre tribu sur fond sonore
Prenait d’assaut le canapé
De la cuisine embuée
Montaient les odeurs du dîner
Maman en bonne cuisinière
S’activait sur la gazinière
Bientôt fumait dans les assiettes
La soupe lestée de boulettes
Le chien se fourrait sous la table
Humant le fumet délectable
Venait ensuite le rôti
Ou le poisson du vendredi
Ma sœur refusait les lardons
Moi je détestais les chicons
Un de mes frères goguenard
Surveillait d’un œil de mouchard
Le filament d’endive au beurre
Que je mâchais à contrecoeur
L’aîné nourrissait sa tortue
Avec des feuilles de laitue
Dans sa cage s’égosillait
Le canari plein de millet
Un poisson rouge solitaire
Faisait le tour de son bocal
Garçons et filles assis par terre
Disputaient un combat naval
Après les jeux pour les devoirs
Maman allumait une grosse lampe
Dont l’abat-jour avec le soir
Versait sa lumière apaisante
La veillée enfin nous trouvait
Toilette faite et dents brossées
Auprès du poêle bien bourré
Donc le mica étincelait
Les plus jeunes partaient au lit
Les autres monteraient plus tard
Cadette de cette fratrie
Je les guettais dans un brouillard
Longtemps j’entendais leurs murmures
Et dans ma tête j’écoutais
Et c’était comme une lecture
Puis la maison s’engourdissait….
Qu’avait-elle d’extraordinaire
Blottie dans mon imaginaire
Recelait-elle des trésors
Dont la magie m’envoûte encore
Capucine