...J’ai souvent éprouvé le sentiment de mon incapacité à continuer une histoire car tout s’y transformait, mais jusqu’au bout j’ai espéré produire une œuvre coïncidant avec la vie sans me soucier d’un quelconque palmarès des ventes ; j’entendais rester fidèle à moi-même et je n’aurais pas de complexe à avoir si je menais ce projet à son terme, cela me tenait à cœur ; mon objectif n’était pas le marché, j’avais certes des obligations envers ma maison d’édition, j’aurais voulu lui apporter des lecteurs ; elle aurait peut-être été bien inspirée de ne pas me publier, mais à présent, il était trop tard, et c’était avec son soutien que j’avançais caractère par caractère dans ce récit finalement parfaitement légitime et respectable. C’était un défi, un problème narratif qu’il me fallait résoudre sur cet échiquier de la vie avec mon innocence, mes souvenirs, mes doutes, lorsqu’ils étaient trop forts, je rejoignais Homère ou Sophocle, Camus et les autres et en leur compagnie je contemplais les étoiles , je voyageais à travers le temps dans cet immense chaudron des mots, ils étaient mon hublot au travers duquel j’étais confronté à de multiples vies....
Pierre-Louis SESTIER
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