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     Guérilla littéraire ( hommage à Mohamed Khaïr-Eddine qui nous a quittés le 18 novembre 1995)
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Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant | Bas
Expéditeur Conversation
Mostafa
Envoyé le :  18/11/2013 13:50
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 2/5/2008
De: AGADIR.MAROC
Envois: 14894
Guérilla littéraire ( hommage à Mohamed Khaïr-Eddine qui nous a quittés le 18 novembre 1995)
Poème : Guérilla littéraire
( hommage à Mohamed Khaïr -Eddine qui nous a quittés le 18 novembre 1995)


Imposteurs de la littérature
Hâbleurs et tristes rimeurs
Scribouillards et rimailleurs
Faux créateurs et pseudo-auteurs
Voleurs et pauvres plagiaires
Mettez vos gants de velours
Choisissez vos mots miel et douceur
Vos expressions tout en couleurs
Parfumez-les d'eau de rose
Saupoudrez-les de trémolos et d'emphase
Teintez-les de fard et de rouge à lèvres
Brandissez vos plumes en érection
Vagissez d'extase et de jubilation
Violez impunément la page vierge
Savourez votre extase
Prolongez votre orgasme
Faites couler abondamment votre encre
Et noircissez sans pudeur sa blancheur
Proxénètes des rimes
Prostituez vos plumes
Bénissez vos seigneurs
Chantez leurs louanges
Bercez-les dans vos langes
Couvrez-les de panégyriques
Avec vos substantifs soporifiques
Avec vos adjectifs dithyrambiques
Rendez-les égocentriques
Hautains et narcissiques
Mettez-les sur un piédestal
Chantez dans leurs festivals
Dansez dans leurs bacchanales
La danse du ventre de préférence
Déhanchez-vous avec concupiscence
Pliez l'échine
Baisez leurs mains
Soyez leurs pantins
Pour les prix et le butin
Pour la soie et le satin
Pour les orgies et les festins
Bâtards, chiens , catins!
A vous tous les honneurs
Vos torchons seront des best-sellers
Chefs-d’œuvre littéraires
Et vous, des auteurs célèbres
Maîtres des Belles-Lettres
Fêtez votre gloire jusqu'au matin
Ne m'invitez pas à vos festins
Je n'ai pas la même faim
Je ne mange pas de ce pain
Vos agapes m'agacent
Vos cénacles m'angoissent
Je suis d'une autre race
Une race en voie d'extinction
Qui refuse la soumission
La bassesse, l'avilissement
La résignation, le consentement
Une race qui ose encore dire non!
Je refuse vos mots
Je brise vos mots
En mille morceaux
Je déchire vos mots
Les rejette comme des miettes
Et invente ma recette:
Mélanger le langage
Le marteler, le modeler, le pétrir
Le cuire, l'avaler, le ruminer
Le vomir, le redire, le réécrire
Le reproduire, le réinventer, l'enfanter
Un langage blanc
Blanc comme l'innocent
Un langage rouge
Rouge comme le sang
Un langage bleu
Bleu comme le firmament
Un langage noir
Noir comme la colère
Un langage qui dérange
Qui donne le vertige
Et tyrannise les tyrans
Qui bénit les innocents
Et glorifie les enfants
Un langage maudit
Qui dit le non-dit
Un langage béni
Qui chasse la nuit
Acre, ocre
Amer, aigre
Rude, sincère
Dur, pur
Strident, sévère
Fort, brûlant
Émouvant, troublant
Déchirant, poignant
Pour écrire
Écrire pour dire
Et crier en silence
Affirmer ma présence
Confirmer mon essence
Retrouver mon innocence
Celle de mon enfance
Braver leur sentence
Écrire pour maudire
Dénoncer et bannir
Condamner et honnir
Le mal et la dictature
La haine et la laideur
La cruauté et la noirceur
Des cœurs!
J'écrirai ma rhétorique
Et enflammerai mes poèmes
J'écrirai ma symbolique
Et brandirai mon emblème
J'écrirai ma didactique
Et chanterai mes je t'aime
J'écrirai mes mathématiques
Et enfanterai mes théorèmes
J'écrirai ma phonétique
Et inventerai mes phonèmes
J'écrirai ma musique
Et exhiberai mon diadème
Celui de la vie même
Celle que j'aime!
Votre langue morte et aphone
Me suffoque et m'étrangle
Votre langue félonne et chienne
M'endoctrine et m'aliène
Votre langue muette et désuète
M' enrage et me révolte
Je me révolte
Contre votre dictionnaire
Votre académie réactionnaire
Votre littérature scolaire
Pour une langue solaire
Lunaire
Stellaire
Révolutionnaire
Je fonderai ma nouvelle grammaire
Celle des irrégularités
Celle de toutes les libertés
Celle de la clarté
Celle de la volupté
Celle de la vérité!
Je rêve d'une autre langue
Une langue osée et audacieuse
Une langue révoltée et insoumise
Une langue revendicatrice et courageuse
Une langue provocatrice et douloureuse
Une langue persécutrice et délicieuse
Une langue éprise et amoureuse
Une langue vivante et contagieuse!
Et je provoquerai et attaquerai
Je braverai et combattrai
Tout discours mielleux
Pompeux et fallacieux
Oiseux et vaniteux
Je narguerai
Le bon usage
Le beau langage
Le style doux et sage
Celui des agneaux
Celui des corbeaux
Je libérerai les mots
Pour peindre le parfait
Le BEAU!





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Ma vie n'est plus une barque dans une mer enragée
Et je ne suis plus le naufragé!
...............................................................................................
Mostafa, point fat, seul, las, si doux, rêvant de sa mie!!!

sacro
Envoyé le :  18/11/2013 16:16
Plume d'or
Inscrit le: 12/12/2009
De: Casablanca
Envois: 1798
Re: Guérilla littéraire ( hommage à Mohamed Khaïr-Eddine qui nous a quittés le 18 novembre 1995)
Un beau combat vers l'excellence. Bravo c'est gagné ! J'ai admiré ta poésie et j'en redemande. Merci Mostafa pour ce beau partage.


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adn
Envoyé le :  18/11/2013 17:08
Plume de diamant
Inscrit le: 24/6/2007
De: Landes
Envois: 17432
Re: Guérilla littéraire ( hommage à Mohamed Khaïr-Eddine qui nous a quittés le 18 novembre 1995)
Le poète est toujours un révolté un révolutionnaire. Il ne se contente jamais de ce qui est mais veut instaurer un monde plus juste, plus humain.
Adn


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AXELLE AUTOMNE, HIVER roman par Micam (mon ...

NoireLune
Envoyé le :  18/11/2013 18:34
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 20/11/2011
De: Où le rêve rit...
Envois: 31974
Re: Guérilla littéraire ( hommage à Mohamed Khaïr-Eddine qui nous a quittés le 18 novembre 1995)
Beauté, Volupté, Liberté

La poésie est un combat...



NL...

EvilFranck
Envoyé le :  18/11/2013 18:46
Plume de diamant
Inscrit le: 8/7/2013
De: Pandore
Envois: 69100
Re: Guérilla littéraire ( hommage à Mohamed Khaïr-Eddine qui nous a quittés le 18 novembre 1995)
Bonsoir, la plume est l'arme du poète, l'encre ses munitions, belle lecture


Amicalement
Mostafa
Envoyé le :  19/11/2013 12:03
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 2/5/2008
De: AGADIR.MAROC
Envois: 14894
Re: Guérilla littéraire ( hommage à Mohamed Khaïr-Eddine qui nous a quittés le 18 novembre 1995)
Sacro adn NoireLune EvilFranck

Merci mille fois, chers amis, pour ces commentaires qui m'honorent!
Je vous adore!!!


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Ma vie n'est plus une barque dans une mer enragée
Et je ne suis plus le naufragé!
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Mostafa, point fat, seul, las, si doux, rêvant de sa mie!!!

cristof75
Envoyé le :  19/11/2013 12:52
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 24/8/2010
De: paris
Envois: 13485
Re: Guérilla littéraire ( hommage à Mohamed Khaïr-Eddine qui nous a quittés le 18 novembre 1995)
quelle liberté!!!
quelle plume vivante!!!

merci du partage

bravo





encrenoire
Envoyé le :  19/11/2013 13:37
Plume de platine
Inscrit le: 11/6/2013
De: Nord
Envois: 2868
Re: Guérilla littéraire ( hommage à Mohamed Khaïr-Eddine qui nous a quittés le 18 novembre 1995)
le Beau, le sens du Beau, au delà de tout...
Mostafa
Envoyé le :  21/11/2013 14:28
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 2/5/2008
De: AGADIR.MAROC
Envois: 14894
Re: Guérilla littéraire ( hommage à Mohamed Khaïr-Eddine qui nous a quittés le 18 novembre 1995)
cristof1402
encrenoire

Merci pour la lecture et les commentaires, très chers!


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Ma vie n'est plus une barque dans une mer enragée
Et je ne suis plus le naufragé!
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Mostafa, point fat, seul, las, si doux, rêvant de sa mie!!!

Ougounnine
Envoyé le :  21/11/2013 18:09
Plume d'or
Inscrit le: 11/6/2009
De: Maroc
Envois: 563
Re: Guérilla littéraire ( hommage à Mohamed Khaïr-Eddine qui nous a quittés le 18 novembre 1995)
Salut cher ami.

Mohamed Khaïr-Eddine était un poète rebelle jusqu'au bout. Il s'est rebellé contre le pouvoir, la société sclérosée, la bêtise, la médiocrité, la laideur, l'arrivisme, l'immobilisme, l'exploitation, le racisme, et j'en passe. Ton hommage restitue très bien les différentes facettes sans concession de ce grand poète amazigh et francophone. Il est un des rares, avec Abdellatif Lâabi qui ont combattu et sont restés fidèles à leurs idéaux.

Merci pour ce vibrant hommage que j'ai beaucoup apprécié en ces temps de capitulations et de bassesses et encore bravo !




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Pouvoir, c'est vouloir

Mostafa
Envoyé le :  22/11/2013 11:37
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 2/5/2008
De: AGADIR.MAROC
Envois: 14894
Re: Guérilla littéraire ( hommage à Mohamed Khaïr-Eddine qui nous a quittés le 18 novembre 1995)
Citation :

Ougounnine a écrit :
Salut cher ami.

Mohamed Khaïr-Eddine était un poète rebelle jusqu'au bout. Il s'est rebellé contre le pouvoir, la société sclérosée, la bêtise, la médiocrité, la laideur, l'arrivisme, l'immobilisme, l'exploitation, le racisme, et j'en passe. Ton hommage restitue très bien les différentes facettes sans concession de ce grand poète amazigh et francophone. Il est un des rares, avec Abdellatif Lâabi qui ont combattu et sont restés fidèles à leurs idéaux.

Merci pour ce vibrant hommage que j'ai beaucoup apprécié en ces temps de capitulations et de bassesses et encore bravo !




Cher ami,
Mille mercis pour ton commentaire qui présente parfaitement notre auteur. Cela m'encourage à poster cette biographie trouvée sur le net pour permettre à nos amis Oasiens de mieux connaître cet homme de lettres à part. J'espère qu'elle leur donnera envie de lire ses chefs-d’œuvre:

Mohammed Khair-Eddine

Mohammed Khair-Eddine, Enfant terrible de la littérature maghrébine (Tafraout, 1941 – Rabat, 1995)

Mohammed Khair Eddine est l’un des grands écrivains de la littérature francophone maghrébine. Il est né en 1941 à Tafraout, petite ville de la région du Sous au sud du Maroc, à 180 km d’Agadir. Il est issu d’une famille Amazigh.

Khair Eddine passe son enfance à Tafraout avec sa mère loin du père qui a été installé à Casablanca. Il a vécu à Agadir (1961-1963), à Casablanca (1963 – 1965) où il a fondé avec Mustapha Nissaboury, le mouvement « Poésie toute ». Il s’est ensuite exilé volontairement en France en 1965 où il a mené une vie difficile en travaillant comme ouvrier dans la banlieue parisienne. Pendant son exil, il a publié beaucoup et il a animé pour France-Culture des émissions radiophoniques nocturnes.

A partir de 1966, il publie dans la revue « Encres vices » et collabore en même temps aux « Lettres nouvelles » et à « Présence africaine ». En 1967, il publie son roman « Agadir », salué par le prix « Enfants terribles », fondé par Jean Cocteau.

En 1979, il décide de rentrer au Maroc. En 1989, il repart encore pour quelques temps en France où il renoue avec le théâtre.

Khair Eddine décède d’un cancer le 18 Novembre 1995 à Rabat jour de la fête de l’indépendance du Maroc, à l’âge de 54 ans, après de longues années où il a fait entendre sa voix comme en témoigne ses œuvres en démontrant même après avoir perdu l’usage de la parole à cause de la maladie que : « on ne met pas en cage un oiseau pareil » (dernier journal de Khair Eddine, août 1995).

La production littéraire de Mohammed Khair Eddine est marquée par des thèmes qui reflètent son vécu et son parcours, à savoir : la haine, la révolte, le séisme, et l’exil.

La haine envers le père qui a abandonné sa mère et avec qui il n’arrive pas à se concilier et qui obsède ses œuvres, comme en témoigne un passage de son roman « Une vie, un rêve un peuple, toujours errants, p. 67 »: « Pourquoi revenir encore vers lui, moi tenu d’aller ailleurs, de vivre ailleurs avec surtout les autres paumés que je représente, je devrais étrangler une fois pour toutes cette image du père tellement obsédante qu’elle ne signifie plus rien du tout ! Je n’y arrive pas, je suis dur mais il m’est impossible d’en finir… ».
La révolte contre tout ce qui symbolise l’ordre établi et le pouvoir : le père, Dieu, le roi, les policiers, les militaires, jusqu’au fqih de la mosquée de son enfance.
Le séisme : le tremblement de terre d’Agadir de 1960 qu’il a vécu en menant une enquête sur place auprès de la population l’a profondément marqué, de telle sorte que toutes ses œuvres sont traversées par un séisme permanent et une révolte sur contre toutes les formes d’autorité. Il écrit en ‘pestant contre un Dieu aveugle qui a décimé en un instant toute la population d’une ville’ ; et en se révoltant sur les règles classiques de construction du récit. Ce qui explique son orientation littéraire qualifiée de Guérilla linguistique.
L’exil : subi ou choisi, l’exil était présent et très pesant dans la vie de Khair Eddine. Subi car il a été forcé de quitter sa mère et sa région natale pour aller étudier à Casablanca. Choisi quand il a décidé de quitter le Maroc pour la France. Dans les deux cas, la nostalgie l’a accompagné tout au long de ses voyages et transparait dans toutes ses œuvres. A ce paradoxe, exil/nostalgie, se rajoute un autre paradoxe, l’image positive qu’il a gardée du sud et de sa culture Amazigh et sa contestation ce que devenus les Amazigh et leur culture qui se folklorise.

Les œuvres de Mohamed Khair Eddine, citées ci-après, étaient interdites au Maroc de son vivant mais elles ont commencé à être rééditées en 2002.

Agadir (1967)
Corps négatif (1968)
Histoire d’un Bon Dieu (1968)
Soleil arachnide (1969)
Moi l’aigre (1970)
Le déterreur (1973)
Ce Maroc ! (1975)
Une odeur de Mantèque (1976)
Une vie, un rêve, un peuple, toujours errants (1978)
Résurrection des fleurs sauvages (Editions Stouky et Sedki, Rabat, 1981)
Légende et vie d’Agoun’chich (1984)
Il était une fois un vieux couple heureux
Faune détériorée (1997)
Le temps des refus, entretiens 1966-1995
Nausée noire (poésie),
Londres,
Siècles à mains, 1964
Mémorial (poésie), Paris, Seuil, 1991.

En résumé, on ne peut dire que : ‘Se révolter, protester, contester – voilà ce dont ne sont capables que ceux qui s’estiment eux-mêmes’[1] et dont cet enfant terrible fait partie !


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Ma vie n'est plus une barque dans une mer enragée
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guepard
Envoyé le :  24/11/2013 23:09
Plume de platine
Inscrit le: 23/9/2007
De: ALGERIE
Envois: 5798
Re: Guérilla littéraire ( hommage à Mohamed Khaïr-Eddine qui nous a quittés le 18 novembre 1995)
Que dire face à ta virtuosité? L'éloquence se moque de l'éloquence. Je vous salue bien bas cher Mostapha.
Charef

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