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     Sonnet sonnant sachant sonner?
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Expéditeur Conversation
OLUCINEP
Envoyé le :  16/11/2013 11:05
Plume d'or
Inscrit le: 1/4/2010
De: France Centre
Envois: 1007
Sonnet sonnant sachant sonner?
Sonnet sonnant sachant sonner.

Le sonnet, à vrai dire, est un peu compliqué,*******A
On écrit un quatrain à rimes A, B, B, A,***********B
Et dès qu’il est fini on recommencera************B
On a donc deux quatrains mais rien n’est terminé, **A

Car deux tercets en plus devront être ajoutés.*****A
Rimer en C, C, D au premier conviendra*********B
Par les rimes E, D, E le second finira************B
Avec quatorze vers le tout s’achèvera.**********A

Il faut écrire des rimes pour le moins suffisantes***C
Eviter les hiatus, les choses dissonantes,*********C
Les allitérations et répétitions.*****************D

Le son de chaque vers est une qualité ***********E
Et lire à haute voix attire l’attention,*************D
Évite de manquer de musicalité.*************** E


Néo-Olucinep XVI 11 MMXIII
Noel-Opan
Envoyé le :  16/11/2013 11:13
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 9/2/2011
De: dans le Lot à Cahors
Envois: 12528
Re: Sonnet sonnant sachant sonner?
Ceci n'est point roupille de sansonnet....c'est du millet pour apprenti fervent et bien intentionné

bravo, il fallait le faire et vous l'avez fait
bien à vous
Noel
chris-ray
Envoyé le :  16/11/2013 14:20
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 22/6/2005
De: Pyrénées Atlantiques
Envois: 28434
Re: Sonnet sonnant sachant sonner?
Tu as parfaitement expliqué la forme classique du sonnet.
Mais il faut rajouter que les liaisons doivent être effectuées, que le vers est fait de deux hémistiches et que l'alexandrin compte 12 pieds (syllabes)
Bien amicalement


----------------

Christian RAY avec Michel Drucker et Patrice Laffont

franie
Envoyé le :  16/11/2013 16:02
Modératrice
Inscrit le: 28/5/2012
De: BRETAGNE
Envois: 39169
Re: Sonnet sonnant sachant sonner?
Bonjour Olucinep

je viens de m'enrichir en vocabulaire et façon de faire poétique, la leçon est originale, maintenant la retenir pas convaincue.

Amicalement Franie


----------------

OLUCINEP
Envoyé le :  16/11/2013 16:05
Plume d'or
Inscrit le: 1/4/2010
De: France Centre
Envois: 1007
Re: Sonnet sonnant sachant sonner?
Et qu'il faut de préférence savoir lire et écrire.... LOL

Tiens c'est bien fait pour toi..... CHRIS RAY



EN PARLANT UN PEU DU SONNET
Fait d’abondants emprunts ce texte est un panier
De champignons cueillis sans immense mérite ;
Patience suffit à me faire ouvrier
D’un petit assemblage aux diverses pépites


Rien n’est de moi dans tout l’écrit
Mais j’ai œuvré pour réunir
Des exemples qui soient précis
Et qui puissent parfois servir.

Et regroupant maintes idées
En boîte j’ai mis un conseil
Les bases sont donc rédigées
C’est un début, c’est un éveil !



PLAN
Introduction
Forme Marotique
1. Quatrains à rimes embrassées
2. Quatrains à rimes croisées
Forme Française
1 - Formule globale :
2 - Remarques
3 - Exemple 1
4 - Exemple 2
Sonnet Irrégulier
1 – Correspondances Ch. Baudelaire
2 –Madrigal F. de Malherbe1
3 - A un fondateur de ville J-M de Heredia.
4 - Le châtiment de Tartufe A. Rimbaud
Autre sonnet irrégulier
Angoisse S. Mallarmé
Autres types de sonnets irréguliers
01 – Le sonnet hétérométrique
02 - Le sonnet layé
03 - Le sonnet à rebours
04 -Le sonnet polaire
05 - Le sonnet alterné
06 - Le sonnet quinzain
07 - Le sonnet seizain
08 - Le sonnet estrambot
09 - Le sonnet à refrain
10 - Le sonnet double
11 - Le sonnet à Codas
12 - Le sonnet rapporté
13 - La couronne de sonnets
14 -Le faux sonnet
15- Le sonnet élisabéthain,

Régulier / Irrégulier

Exemples dont on peut tirer des règles
1 - Jean Ogier de GOMBAULD
2 - François MAYNARD
3- Claude MALLEVILLE

En guise de conclusion tres provisoire…
****************************************************************************************************
INTRODUCTION
DÉFINITIONS ET REMARQUES GÉNÉRALES
Au XVIe siècle, l’école lyonnaise : Mellin de Saint-Gelais et Clément Marot introduisent le sonnet (italien : sonnetto) en France, en l’empruntant à Pétrarque. Dès 1548, il est mentionné dans l’art poétique français de Thomas Sébillet, où il est rapproché de cette autre forme courte qu’est l’épigramme.
La disposition des rimes de Pétrarque (deux quatrains en ABBA-ABBA fixes ; puis, souvent, deux tercets CDE-CDE ou CDC-CDC) a été modifiée par Clément Marot (1497-1544) en ABBA-ABBA-CCD-EED puis par Joachim Du Bellay (1522-1560) dans l’Olive en ABBA-ABBA-CCD-EDE.
Le premier schéma est dit « sonnet italien » ou « sonnet marotique », le deuxième « sonnet français ».

Le sonnet en tant que poème à forme fixe, se compose de quatorze vers de mètre identique(en général alexandrins, très souvent décasyllabes, parfois octosyllabes, mais tous les mètres peuvent être utilisés.)
Le poète répartit son sonnet en deux quatrains (2 strophes de 4 vers) et un sizain (6 vers) en 2 tercets > 4+4+3+3.
Les rimes des deux quatrains sont identiques, en général, embrassées
(ABBA)//(ABBA) ; parfois croisées (ABAB)//(ABAB)

Le contenu des deux quatrains doit être relayé par un autre contenu dans les six derniers vers. Et le dernier vers du sonnet doit proposer une pointe ou une chute qui résume l’impression d’ensemble, met en valeur un détail formant contraste, crée un effet de surprise…

La forme du sonnet est déterminée par celle du sizain. Elle est dite :
Marotique = CCD+EED > Clément Marot né à Cahors 1496-mort à Turin 1544.
Française = CCD+EDE.

Les deux strophes traditionnelles, formes fondamentales du sonnet, sont donc :
Forme Marotique = ABBA/ABBA // CCD/EED
Forme Française = ABBA/ABBA //CCD/EDE

Comme on peut composer des quatrains à rimes croisées ; on a les deux schémas suivants : Forme Marotique > ABAB/ABAB// CCD/EED
Forme Française > ABAB/ABAB// CCD/EDE

Au passage du second quatrain au premier tercet, la règle de l’alternance des rimes est à observer. (Le premier vers du premier tercet doit finir par une rime du genre différent de celui de la rime à la fin du quatrième vers du second quatrain) Il en est de même pour les deux tercets.
Ces deux genres sont dits réguliers, les sonnets selon d’autres -schémas sont dits irréguliers.
FORME MAROTIQUE

Exemple 1 (les 2 quatrains à rimes embrassées) :
Assis sur un fagot, une pipe à la main(ou le fumeur)
Marc Antoine Girard de Saint amant (1594-1661)
Assis sur un fagot, une pipe à la main,
Tristement accoudé contre une cheminée,
Les yeux fixés vers terre, et l'âme mutinée,
Je songe aux cruautés de mon sort inhumain.

L'espoir qui me remet du jour au lendemain,
Essaye à gagner temps sur ma peine obstinée,
Et me venant promettre une autre destinée,
Me fait monter plus haut qu'un Empereur Romain.

Mais à peine cette herbe est-elle mise en cendre,
Qu'en mon premier estat il me convient descendre,
Et passer mes ennuis à redire souvent :

Non, je ne trouve point beaucoup de différence
De prendre du tabac à vivre d'espérance,
Car l'un n'est que fumée, et l'autre n'est que vent.
Exemple 2 (les 2 quatrains à rimes croisées) :
Hédéra
Henri de Latouche (1785-1851)
Anna, soyez l’arbuste aux vivantes racines
Qui sur un débris mort jette un printemps nouveau
Venez parer mon deuil et verdir mes ruines
Le lierre aime un vieux chêne, un désert un tombeau.

Frais comme vous, le lierre à travers les épines
Glisse, et conquiert lui seul un antique château
Où, confondus là-bas aux mousses enfantines
Il invite à s’asseoir deux amis du coteau

Venez j’abriterai contre les vents les grêles
Vos jours, et le trésor de vos boutons si frêles
Pour de jeunes amours qu’ils fleurissent demain.

viens t’appuyer sur moi dans ta conscience altière
Quand tu devrais briser comme fait l’autre lierre
Pour t’en former un sol, le dur ciment romain.
FORME FRANÇAISE

A> Quatrains à rimes embrassées : ABBA/ABBA/CCD/EDE
B> Quatrains à rimes croisées : ABAB/ABAB/CCD/EDE
Les 2 quatrains sont identiaues= écrits sur 2 rimes A et B , l’unema=sculibe , l’autre féminine
La forme des deux tercets : 2 rimes plates, 4 rimes croiseés. =CCD/EDE
Exemple 1 > A
Salut Stéphane Mallarmé (1842-1898)

Rien, cette écume, vierge vers
A ne désigner que la coupe;
Telle loin se noie une troupe
De sirènes mainte à l’envers.

Nous naviguons, ô mes divers
Amis, moi déjà sur la poupe
Vous l’avant fastueux qui coupe
Le flot de foudres et d’hivers;

Une ivresse belle m’engage
Sans craindre même son tangage
De porter debout ce salut

Solitude, récif, étoile
A n’importe ce qui valut
Le blanc souci de notre toile.

Exemple 2 > B

Jolies femmes Victor Hugo (1802-1885)
On leur fait des sonnets, passables quelquefois ;
On baise cette main qu'elles daignent vous tendre ;
On les suit à l'église, on les admire au bois ;
On redevient Damis, on redevient Clitandre ;

Le bal est leur triomphe, et l'on brigue leur choix ;
On danse, on rit, on cause, et vous pouvez entendre,
Tout en valsant, parmi les luths et les hautbois,
Ces belles gazouiller de leur voix la plus tendre :

- La force est tout ; la guerre est sainte ; l'échafaud
Est bon ; il ne faut pas trop de lumière ; il faut
Bâtir plus de prisons et bâtir moins d'écoles ;

Si Paris bouge, il faut des canons plein les forts. -
Et ces colombes-là vous disent des paroles
A faire remuer d'horreur les os des morts.


SONNET IRREGULIER
Le petit traité de versification mentionne :
On parlera de sonnets irréguliers lorsque le poète modifie les quatrains, les tercets le nombre de rimes. Nous aurons donc à travers les siècles des sonnets irréguliers où seule la disposition typographique désigne encore à l’œil un sonnet.

On peut déduire que :
a) Le poète modifie les quatrains > au lieu de deux quatrains identiques (2 rimes seulement) en ABBA ; il change de rimes au second quatrain pour composer en ABBA puis CDDC : 4 rimes embrassées (ou croisées : ABAB//CDCD).

Remarque : ceux qui n’admettent pas les rimes croisées dans les deux quatrains, comptent la formule ABAB comme une modification (de la formule de base ) donnant un sonnet irrégulier.

b) Le poète modifie les tercets, deux possibilités :
1 - sizain sur deux rimes au lieu de trois CCDCCD, l’une des deux rimes se répétant quatre fois.
2- sizain à rebours sur trois rimes (quatre embrassées ou croisées + deux plates) CDDCEE ou CDCDEE.

c) le poète modifie le nombre des rimes
un sonnet régulier compte cinq rimes (AB) pour les quatrains , (CDE) pour les tercets.
Tout autre nombre serait une modification et donnerait un sonnet irrégulier.

d) La disposition typographique (4+4+3+3) peut changer de diverse façons, voir ci-dessous..
EXEMPLES
1- Correspondances Charles Baudelaire (1821-1867)
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.
Quatre rimes au lieu de deux aux quatrains :
Les 2 tercets forment un sizain à rebours (avec4 rimes croisées et 2 plates) > EFE/FGG

2- Madrigal. François de Malherbe (1555-1628)

Ma Crisante avec une foi
Dont l'âge atteste l'innocence,
M'a fait serment qu'en mon absence
Elle aura mémoire de moi.

Cette faveur si peu commune
Me donne tant de vanité
Qu'à la même divinité
J'ose comparer ma fortune.

Peut-être qu'elle me déçoit
De m'assurer que cela soit,
Mais si le tiens-je véritable

Pour me garantir du trépas
Qui me serait inévitable,
Si je croyais qu'il ne fût pas.
Les deux quatrains ne sont pas identiques ( 4 rimes ABBA/CDDC)

3- Ã un fondateur de ville. J-M de Heredia (1842-1905)
Las de poursuivre en vain l'Ophir insaisissable,
Tu fondas, en un pli de ce golfe enchanté
Où l'étendard royal par tes mains fut planté,
Une Carthage neuve au pays de la Fable.

Tu voulais que ton nom ne fût point périssable,
Et tu crus l'avoir bien pour toujours cimenté
A ce mortier sanglant dont tu fis ta cité ;
Mais ton espoir, soldat, fut bâti sur le sable.

Carthagène étouffant sous le torride azur,
Avec ses noirs palais voit s'écrouler ton mur
Dans l'Océan fiévreux qui dévore sa grève ;

Et seule, à ton cimier brille, ô Conquistador,
Héraldique témoin des splendeurs de ton rêve,
Une Ville d'argent qu'ombrage un palmier d'or.
Les 2 tercets forment un sizain à rebours (avec 4 rimes croisées + 2 plates)>CDD/CEE.

4- Le châtiment de Tartufe. Arthur Rimbaud.(1854-1891)

Tisonnant, tisonnant son cœur amoureux sous
Sa chaste robe noire, heureux, la main gantée,
Un jour qu'il s'en allait, effroyablement doux,
Jaune, bavant la foi de sa bouche édentée,

Un jour qu'il s'en allait, " Orémus ", - un Méchant
Le prit rudement par son oreille benoîte
Et lui jeta des mots affreux, en arrachant
Sa chaste robe noire autour de sa peau moite !

Châtiment !... Ses habits étaient déboutonnés,
Et le long chapelet des péchés pardonnés
S'égrenant dans son coeur, Saint Tartufe était pâle !...

Donc, il se confessait, priait, avec un râle !
L'homme se contenta d'emporter ses rabats...
- Peuh ! Tartufe était nu du haut jusques en bas !
Les 2 quatrains sont différents ABAB/CDCD
Les deux tercets sont sur trois rimes plates EE FF GG.

AUTRE SONNET IRREGULIER
Tout sonnet au schéma des rimes, autre que français ou marotique, est dit sonnet irrégulier ou pseudo sonnet.

Angoisse. S. Mallarmé (1842-1898)
Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête
En qui vont les péchés d'un peuple, ni creuser
Dans tes cheveux impurs une triste tempête
Sous l'incurable ennui que verse mon baiser :

Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes
Planant sous les rideaux inconnus du remords,
Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges,
Toi qui sur le néant en sais plus que les morts.

Car le Vice, rongeant ma native noblesse
M'a comme toi marqué de sa stérilité,
Mais tandis que ton sein de pierre est habité

Par un cœur que la dent d'aucun crime ne blesse,
Je fuis, pâle, défait, hanté par mon linceul,
Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.
Les 2 quatrains ne sont pas identiques (sur 2 rimes) mais bâtis sur 4 rimes ABAB/CDCD
Le sizain a été transformé en 1 quatrain + 1 distique EFF/EGG = EFFE/GG
AUTRES TYPES DE SONNETS IRREGULIERS
1- le sonnet hétérométrique
Le chat. Charles Baudelaire (1821-1867)
I
Dans ma cervelle se promène
Ainsi qu'en son appartement,
Un beau chat, fort, doux et charmant.
Quand il miaule, on l'entend à peine,

Tant son timbre est tendre et discret ;
Mais que sa voix s'apaise ou gronde,
Elle est toujours riche et profonde.
C'est là son charme et son secret.

Cette voix, qui perle et qui filtre
Dans mon fonds le plus ténébreux,
Me remplit comme un vers nombreux
Et me réjouit comme un philtre.

Elle endort les plus cruels maux
Et contient toutes les extases ;
Pour dire les plus longues phrases,
Elle n'a pas besoin de mots.

Non, il n'est pas d'archet qui morde
Sur mon cœur, parfait instrument,
Et fasse plus royalement
Chanter sa plus vibrante corde,

Que ta voix, chat mystérieux,
Chat séraphique, chat étrange,
En qui tout est, comme en un ange,
Aussi subtil qu'harmonieux !

II

De sa fourrure blonde et brune
Sort un parfum si doux, qu'un soir
J'en fus embaumé, pour l'avoir
Caressée une fois, rien qu'une.

C'est l'esprit familier du lieu ;
Il juge, il préside, il inspire
Toutes choses dans son empire ;
Peut-être est-il fée, est-il dieu ?

Quand mes yeux, vers ce chat que j'aime
Tirés comme par un aimant
Se retournent docilement
Et que je regarde en moi-même
Je vois avec étonnement
Le feu de ses prunelles pâles,
Clairs fanaux, vivantes opales,
Qui me contemplent fixement.
Vers en 10 et 8 syllabes, selon le schéma :
A10b8A10b8//C10d8C10d8//E10f8E10/f8G10g8

2- Le sonnet layé

Les vers courts sont les deuxièmes et quatrièmes des quatrains et le troisième de chaque tercet ?

Rêvé pour l’hiver. A. Rimbaud (1854-1891)
L'hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.

Tu fermeras l'oeil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.

Puis tu te sentiras la joue égratignée...
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou...

Et tu me diras : " Cherche ! " en inclinant la tête,
- Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
- Qui voyage beaucoup...
A12b6A12b6//A12b8A12b8 / / C12C12d6//E12E12d6.
3- Le sonnet à rebours.

Ou inversé : les deux tercets d’abord, les deux quatrains ensuite. (Ce sonnet est dit aussi à l’italienne).

Sappho P. Verlaine (1844-1896)

Furieuse, les yeux caves et les seins roides,
Sappho, que la langueur de son désir irrite,
Comme une louve court le long des grèves froides,

Elle songe à Phaon, oublieuse du Rite,
Et, voyant à ce point ses larmes dédaignées,
Arrache ses cheveux immenses par poignées ;

Puis elle évoque, en des remords sans accalmies,
Ces temps où rayonnait, pure, la jeune gloire
De ses amours chantés en vers que la mémoire
De l'âme va redire aux vierges endormies :

Et voilà qu'elle abat ses paupières blêmies
Et saute dans la mer où l'appelle la Moire,
Tandis qu'au ciel éclate, incendiant l'eau noire,
La pâle Séléné qui venge les Amies.
3+3+4+4 selon le schéma : ABA//BCC//DEED//DEED
4- Le sonnet polaire.

Les deux tercets entre les deux quatrains > 4+3+3+4

L’avertisseur. Ch. Baudelaire (1821-1867)

Tout homme digne de ce nom
A dans le cœur un Serpent jaune,
Installé comme sur un trône,
Qui, s'il dit : " Je veux ! " répond : " Non ! "

Plonge tes yeux dans les yeux fixes
Des Satyresses ou des Nixes,
La Dent dit : " Pense à ton devoir ! "

Fais des enfants, plante des arbres,
Polis des vers, sculpte des marbres,
La Dent dit : " Vivras-tu ce soir ? "

Quoi qu'il ébauche ou qu'il espère,
L'homme ne vit pas un moment
Sans subir l'avertissement
De l'insupportable Vipère.
Schema ABAB//CCD/EED//FGFG.
5- Le sonnet alterné.
Alternance des quatrains et des tercets > (4+3+4+3) ou (3+4+3+4) cette deuxième formule est presque abandonnée , vu que la rime solitaire du premier tercet attend longtemps sa réponse.

Fera-t-il beau demain ? Annie X (2012)


Les voyez-vous valser ces notes d'hirondelles
Sur la partition d'un ciel en mouvement ?
Des nuages fripons souvent se moquent d'elles
En lâchant bien trop tôt leur froid bouillonnement.

Pourquoi priver d'amour, futures muscadelles ?
Râ ne veut-il donc plus des brillantes chandelles
Que tiennent ses rayons habituellement ?

Si la mode est au gris, la Nature bien verte
Préfère pour ses fleurs le parme ou le carmin ;
Va-t-elle s'enivrer toujours la gueule ouverte
A force d'éponger le lys et le jasmin ?

Que la tiédeur enfin dépose sa couverte
Permettant au regard l'heureuse découverte
D'une rose en bouton qui sourira demain !



6- Le sonnet quinzain.
4+4+3+3+1 ( le vers adjoint au 14 est, typographiquement isolé, et rime avec l’un des vers du second tercet.

Les larmes d'Annie Domi X (2013)

Les larmes d'une amie ont coulé sur la toile,
Et des vers ont fleuri du lancinant chagrin
Dont, craignant de lasser, trop pudique marin,
Elle hissait la sombre et lumineuse voile...

Son cœur, au fer rougi, réclame cette étoile
À jamais enfermée en son funeste écrin,
Et dont elle cherchait l'horizon plus serein
Dans une poésie où l'amour se dévoile...

Qui connait, de la fleur, les intimes tourments,
Dont l'âme qui s'endort a besoin de rosée
Pour emperler d'espoir ses prochains firmaments?

De même la tendresse, à sa source, brisée,
Sur les pétales-mots, frise de diamants
Les pages du poète où, métamorphosée,

En Beauté rejaillit la douleur déposée...



7- Le sonnet seizain.
Se construit sur deux rimes supplémentaires et se présente ainsi : 1+4+4+3+3+1( deux vers isolés, l’un au début l’autre à la fin) selon la formule (a///abba/caac//dde/a’ea’///a
Les deux vers adjoints peuvent être un seul et même vers, répété à la fin comme un refrain

J’ai cueilli des étoiles au firmament. (X 2012)

J’ai cueilli des étoiles au firmament.

Pour dans tes yeux sertir de diamant
Tes pleurs cristal, brouillard sur ta prunelle,
Illuminer ton regard désarmant,
Y voir danser la flamme passionnelle.

D’un cirrus satin, pour un nid charmant,
J’ai posé la douceur au crépuscule
D’un jour nouveau, pour qu’il te fût clément,
Afin que ta douleur au loin recule

Mes mains ont caressé ton cœur chagrin,
Ma voix a fredonné comme un refrain
De tendres mots, et je t’ai vu sourire !

Sur ton front soucieux, mon cher amant,
Et dans tes yeux, il me faut récrire
La paix et briser ce cercle infamant.

J’ai cueilli des étoiles au firmament.


8- Le sonnet estrambot
Il comprend 17 vers = deux quatrains et trois tercet > 4+4+3+3+3

Quand j'étais Marquise des Anges ! Annie (2013)


Je regrette le temps de la belle Angélique,
Anne et Serge Golon terminaient leur roman,
Je me précipitais acheter la réplique
D'un ouvrage magique où vivait mon amant !

J'y retrouvais alors un monde famélique
Qui me nommait Marquise, adoptant mon tourment
Pour vivre l'impensable et le diabolique,
Où le moindre des gueux côtoyait l'infamant...

De la Cour ignorant les dessous de l'histoire,
J'y fréquentais le Roy, le poison, l'exutoire,
Pour vivre l'aventure en rêves obsédants.

J'y découvrais l'amour en osant l'indécence
Moi qui naïve encor sortant d'adolescence
Ne connaissais du feu que les charbons ardents !

Mes livres aujourd'hui dorment dans ma vitrine,
Et leurs tristes feuillets ont couleur de citrine
Mais je tiens à garder ces discrets confidents !




9- Le sonnet à refrain.
18 vers dont trois refrains différents (a*c*d*) comme dans le schéma suivant :
a*bbaa//abbaa*//c*dcc*//d*cdd* > le premier vers est repris à la fin de chacun des deux quatrains qui deviennent (5+5). Le premier vers de chaque tercet lui est ajouté comme quatrième. ( 4+4).


Souffrance ( X 2012)

A bras le corps elle a saisi la vie,
Refusant de laisser place au tourment
De ce mal retors, ce fiel consumant
Chairs et os, sa faim jamais assouvie.
A bras le corps elle a saisi la vie.

Dans ses yeux noirs elle a lu sa douleur,
Il cachait ses pleurs sous un sourire.
Un pacte avec Satan voulait souscrire
Signé de son sang, chasser ce malheur
Dans ses yeux noirs elle a lu sa douleur.

Farouche elle luttait avec courage,
Sachant son salut n’être qu’un mirage.
Pourtant, elle riait pour lui, pour eux
Farouche elle luttait avec courage.

Elle se taisait malgré la souffrance.
Le crabe eut raison de son endurance
Elle partit, sous un ciel bas laiteux
Elle se taisait malgré la souffrance.

10- Le sonnet double

20 Vers ; les 6 vers ajoutés sont placés ainsi : +2 à chaque quatrain et +1 à chaque tercet, selon l’un de ces quatre schémas dont les deux premiers seuls s’adaptent à la règle de l’alternance des rimes (masc./fém.)
*(AaBAaB/AaBAaB//CcDD/CcDD)
*(AaBAaB/AaBAaB//CDdC/ CDdC)
*(AaBBbA/AaBBbA//CDdE/DEeC)
*(AbBAbB/AbBAbB//CDdE/ECcD)

Le fumeur, ou Il n’y a jamais de fumée sans feu (Pierre Dupuis 2013)
I
La pipe songeuse à la bouche,
La tête calée dans la main,
Il ne pense pas à demain :
Avec son passé il s’abouche.

Il revoit la sainte-nitouche
qui avait croisé son chemin,
Regard hardi, bouche carmin,
Qui ne valait pas sa cartouche.

Elle l’avait embobiné,
Séduit, trompé et puis ruiné,
Conduit tout droit à la galère.
Simple justice pour le coup
Quand lors d’un sursaut de colère
il lui avait tordu le cou.

II
C’est pour la faire disparaître
Qu’il avait allumé un feu,
Lui le calme, le grand taiseux
Qui ne laissait rien transparaître.

Pas disposer à comparaître
Ni à faire le moindre aveu
Pour cet acte délictueux
Mais juste il faut le reconnaître.

C’est ainsi qu’il jugeait le fait,
Pas de faute, pas de méfait,
Juste une question de principe.

Depuis ce jour – plus de dix ans ! -
Il s’était remis à la pipe
Trouvant son nuage apaisant.

11- Le sonnet à codas
20 vers construits sur 4 ou5 rimes : 1>4 rimes : ABbABb/ABbABb//CDCc/DCDc
2 >5 rimes : AbbABb/AbbABb//CDCd/EDeD


Crois-moi ! Annie (2013)

Poète je te crois car elle était si grosse
La grenouille au jardin, que je me crus fourmi
Face à ce nouveau bœuf !

A tel point que je pris en plein vol un carrosse
Où la poule aux œufs d'or, oh j'en ai bien frémi
M'en fit avaler neuf !

J'en ai pourtant gobé depuis que je suis gosse,
Mais pas aussi dorés ! Tu te doutes l'ami
Que pour garder un Å“uf,

J'ai couru comme un lièvre en bravant le molosse ;
Quand je l'ai vu pleurer, j'ai quelque peu blêmi
Par respect pour ce veuf !
Je me suis retrouvée en haut d'un hémicycle,
Y régnait la terreur dans un tel brouhaha,
Je ne vis même pas qu'un âne et son tricycle
Souffrait d'adrénaline !

En me faisant Corbeau je pus crier un « ha
Je reconnais l'histoire ! » Au fait, en l'épicycle,
N'était-ce pas Renard qui lors m'apostropha ?
Ce jour j'en baragouine !


12- Le sonnet rapporté
14 vers que l’on peut partager en plusieurs colonnes ayant chacune un sens cohérent (sans tenir compte de l’isométrie)

Poème ; d’Étienne Pasquier (1529-1615)

O Amour,…………….O penser………..O Désir plein de flamme,
Ton trait,…………….ton fol appas……la rigueur que je sens,
Me blesse,…………..me nourrit……….conduit mes jeunes ans
A la mort,……………aux douleurs…….au profond d’une lame.
Injuste Amour,…….Penser,…………….Désir, cours à Madame,
Porte lui………………loge lui…………….fay voir comme presens,
A son cœur………….en l’esprit…………à ses yeux meurtrissans
Le mesme trait…….mes pleurs………..les feux que j’ay dans l’âme :
Force,………………….fay consentir…….Contrain sa résistance,
Sa beauté…………….son desdain……..et sa fière constance,
A plaindre…………….a soupirer………..A soulager mes vœux,
Les tourments,……..les sanglots……..et les cruels supplices,
Que j’ay……………….que je chery…....que je tiens pour délices,
En aimant,……………en pensant ………en désirant son mieux.


13- La couronne de sonnets

Série de 15 sonnets ; le quinzième dit « sonnet maître » se compose des premiers et derniers vers des 14 sonnets précédents.

Poème exceptionnel : La Genèse Denise Bernhardt (Prix de La Toison D’or 2003)

La Genèse Denise Bernhardt

Que la lumière soit et la lumière fut! Genèse 1.3

I

L'Esprit de Dieu flottait silencieusement
Le monde sommeillait, muet était le Verbe.
On ignorait encore les âpretés de l'herbe,
Et l'homme n'avait point foulé son élément.

La terre suspendue offrait son dénuement;
Masse informe roulant au gré du vide acerbe
Où la ténèbre lourde étendait sa superbe,
Rêvant d'aubes jaspées drapant le firmament.

Comme une onde légère apparut la lumière,
Dans l'espace effleuré, montait une prière
Présageant de la vie, que répandrait le jour.

Et ce fut le matin et la première nuit.
Le regard bleu des eaux quittait l'obscur séjour
Contemplant l'univers en quête d'harmonie.


"Qu'il y ait une étendue entre les eaux "Genèse 1.6
II

Contemplant l'univers en quête d'harmonie
Dieu alors sépara, les eaux d'avec les eaux
La terre se taisait en attente d'oiseaux,
Sous la voûte azurée qu'elle savait infinie.

L'étendue se paraît de mauves symphonies,
De l'aurore naissante aux soirs tristes et beaux,
Tandis que frissonnait le souffle des roseaux
Ciselant les étangs d'ombres indéfinies.

Les eaux se confondaient au loin avec le ciel,
Dans la respiration du courant matriciel
Né de l'enfantement diapré des profondeurs.

Alternance de l'aube au courant réunie,
Le monde en devenir louait le créateur,
Devant l'éternité que le temps nous dénie.


"Que la terre produise de la verdure" Genèse 1.11
III

Devant l'éternité que le temps nous dénie
Dieu rassembla les eaux en un lieu doux-amer,
Et le sec apparu séparé de la mer
Où le roc se dressa, tel une épiphanie.

Généreuse nature aux formes inouïes,
Prodiguant tous ses dons au divin magistère,
Les herbes, les arbres surgirent de la terre
Apothéose verte aux sèves éblouies.

Comme un secret jaloux dans un cœur en dormance
Chaque espèce portait en elle sa semence,
S'inscrivant tour à tour dans la pérennité.


Connaîtrons-nous jamais, l'espace d'un moment
La Geste créateur dispensant sa Bonté
Pour un délire d'homme épris de firmament.




"Qu'il y ait des luminaires dans l'étendue du ciel" Genèse 1.14
IV

Pour un délire d'homme épris de firmament,
Jaillirent du néant des ruisseaux de soleil
Des poussières d'étoiles et des astres pareils,
Eclairant l'étendue des nuits, infiniment.

Le cosmos tout entier se mit en mouvement,
L'univers ressembla tiré d'un long sommeil
A ces fleuves en crue que grise leur éveil
Dans le vertige pur de leur scintillement.

L'ordre avait succédé au chaos initial,
Les planètes rythmaient l'espace sidéral
Et la respiration de la céleste horloge.
Le soleil diffusait un doux rayonnement
La lune chaque nuit, déclinait son éloge,
Ainsi le monde nu, trouva son fondement.


"Dieu créa les grands poissons, aussi tout oiseau ailé" Genèse 1.21
V

Ainsi le monde nu, trouva son fondement
La vie se déploya portée par la lumière,
Les poissons vif-argent filaient l'onde première
En se multipliant prodigieusement.

Le royaume des airs s'ouvrit en un instant
A des nuées d'oiseaux striant toute la terre,
Survolant les sommets de la montagne austère
Les rapaces planaient majestueusement.

Dans les eaux fécondées scintillait la laitance
Descendant lentement en un nuage dense
Vers les fonds sablonneux aux courants nourriciers

Tandis que les oiseaux s'affairaient près des nids
Habiles couturiers ou patients liciers,
Dieu étant l'Officiant de la cérémonie.


"Que la terre produise des animaux vivants. Genèse 1.24
VI

Dieu étant l'Officiant de la cérémonie
Paracheva Son Å“uvre en peuplant les forets
Les mouvantes prairies, les vals et les marais
D'espèces composant l'auguste symphonie.

Un caravansérail, où furent réunies,
Les pattes élancées, les fourrures moirées
Les écailles polies, les griffes acérées
Vivantes profusions, vastes polyphonies.

Cependant un regard planait sur cet ouvrage,
Dieu rêvait d'un reflet exaltant son image,
Pour que l'Å“uvre accomplie ne le fut pas en vain.

Au mystère essentiel l'Eternel nous convie:
Sur un peu de limon, soufflant l'Esprit divin
Il fit l'homme et la femme en glorifiant la Vie.





"Dieu créa l'homme à son image….il créa l'homme et la femme" Genèse 1.27
VII

Il fit l'homme et la femme en glorifiant la Vie
Puis Il se recueillit à l'ombre bleue du soir
Dont le rayonnement paisible d'ostensoir
Irradiait le silence et l'espace à l’envie.

Divines proportions, de la glaise asservie,
L'antique Nombre d'Or, l’alchimique savoir
Transmis au fil du temps, a ceux qui pourraient voir
Le secret de la pierre enfouie dans les parvis.

Adam ouvrit les yeux qui se remplirent d'âme;
Voyant à son côté les douceurs de la femme,
Il su qu'ils étaient UN et lui ouvrit les bras.

Car le Geste initial fut émerveillement
Si pur, si innocent, que Dieu le consacra,
Sanctifiant la Genèse en son commencement.


"Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia" Genèse 2.3
VIII

L'Eden
Sanctifiant la Genèse en son commencement
Il fit régner la paix, l'ordre, la tolérance,
On ignorant alors le sens du mot "souffrance"
Et la peur demeurait loin de l'entendement.

Tout n'était que bonheur, douceur, apaisement,
Les hommes vivaient nus, mais vêtus d'innocence,
Protégés du savoir et de la connaissance.
La mort n'existait pas, non plus que son tourment.

Dieu bénit les pairies et les moissons futures
Les vents et les nuées, toutes les créatures,
L’orgueilleuse forêt jusqu'aux humbles rameaux.

Répandant Son amour, Il étendit les mains;
De la geste sacrée, Il enfanta les mots
Pour nous léguer enfin de vivants parchemins.


Le Choix
IX

Pour nous léguer enfin un vivant parchemin
Il transforma la terre en un vert Paradis
A l'enivrant parfum de roses de Saadi,
Aux fruits délicieux, d'un soleil magicien.
Dans une apothéose au milieu du jardin
Deux arbres se dressaient sombres comme un édit
L'un messager de Mort, l'autre porteur de Vie,
Un serpent maléfique en était le gardien.

De ce fait, Dieu offrait la décision suprême
Aux hommes indécis, "Vois combien Je t'aime,
La liberté de choix constitue ta grandeur."

Pourtant ce fut le mal qui séduisit l'humain,
L'Eternel eut pitié, et saisi de douleur,
Il déposa Son sceau dans le creux de nos mains.

Le Bien et le Mal
X


Il déposa Son sceau dans le creux de nos mains
Avant de fermer le Grand Livre du Monde
Qu'Il bénit par sept fois, liant la bête immonde
La privant de pouvoir jusqu'aux Temps de la Fin.

Comment imaginer les sombres lendemains,
Où les hommes issus de la terre féconde,
Formant sur la planète une infernale ronde
Y sèmeraient l'ivraie bien plus que le bon grain

Parce que toute vie est porteuse de mort,
Que le moindre bonheur secrète le remord
Et que toute clarté présage de la nuit.

Dieu ne voulu point nous laisser sans recours
A ce funeste sort Son regard s'attendrit,
Faisant naître en son cœur, la flamme de l'amour.

Le Don de l'Amour
XI


Faisant naître en nos cœurs la flamme de l'amour
Le don mystérieux, la source adamantine,
Le ciel devenant bleu, la ramure églantine,
La lumière ruisselant de l'espace à l'entour.

Ce sentiment si fort qu'il nous prend sans détour,
Pour un geste ébauché, une moue enfantine,
Un regard caressant la bouche purpurine,
Les âmes éperdues s'égarent sans retour.

L'amour, la seule arme et l'unique défense
Contre la nuit amère où sombre la souffrance,
Le feu qui nous consume en la même douceur.

La Sourire de Dieu, fut comme un jour d'été,
Mais Son Front tout à coup devint triste et songeur
Puis nous fûmes plongés dans les eaux de Léthé.

L'Oubli
XII


Puis nous fûmes plongés dans les eaux du Léthé.
Et l'homme s'éveilla dans la forêt première,
L'Eden n'existait plus, ni la rose trémière
Les ombres répandaient leur pâle nudité.

Des regards terrifiés fixaient l'immensité
Ponctuée de l'éclat d'étoiles serpentaires.
Dans l'espace désert, des êtres solitaires
Survivaient inconscients de leur identité.

Des primates debout, ils prirent l'apparence
Dieu avait-Il ici nié Sa ressemblance.
L'animal pour toujours s'inscrivait dans l'humain.

Bien des millions d'années ont accompli leurs cours,
Du tendre Paradis, s'est perdu le chemin
Depuis lors nous cherchons au fil ténu des jours.

La Quête
XIII


Depuis lors nous cherchons au fil ténu des jours
Celui qui nous dira d'un mot ce que nous sommes
Ce vers quoi nous allons et d'où viennent les hommes
Autant d'opacités en notre amer séjour.

A la philosophie nous demandons secours.
Scrutant le ciel en vain, le savant astronome
N'a jamais expliqué notre univers en somme,
Et le vide a scandé les plus brillants discours.

Parce que la raison n'est pas la connaissance
Elle cerne le réel mais en masque le sens,
"On ne voit bien qu'avec le cœur "dit le poète*

Aux chemins de l'amour et de la vérité
Nous irons découvrir tout au bout de la quête
D'où nous vient ce désir, plein de félicité.

*Antoine de Saint Exupéry


L'idéal
XIV


D'où nous vivant ce désir plein de félicité,
Méditait le vieil homme en regardant la mer
Embrasé chaque soir d'une gloire éphémère,
D'où nous vient de si loin, l'amour de la beauté.

L'idéal est en nous; secrète volupté
Qui élève les âmes au-delà de la terre.
O se laisse porter, créatures aptères
Par le souffle sacré de la Divinité.

Ainsi pensait le Sage en sa barque fragile
Remontant lentement d'une main malhabile
Les filets bien trop lourds à la fin d'une vie.

Alors la nuit tomba sur le Commencement,
La vieil homme rêvait tandis qu'à l'infini
L'Esprit de Dieu flottait silencieusement.

Sonnet Maître
XV

L'Esprit de Dieu flottait silencieusement
Contemplant l'univers en quête d'harmonie
Devant l'éternité que le temps nous dénie,
Pour un délire d'homme épris de firmament.

Ainsi le monde nu, trouva son fondement,
Dieu étant l'Officiant de la cérémonie
Il fit l'homme et la femme en glorifiant la vie,
Sanctifiant la Genèse en son commencement.

Pour nous léguer enfin de vivants parchemins
Il déposa Son sceau dans le creux de nos mains
Faisant naître en nos cœurs la flamme de l'amour.

Puis nous fûmes plongés dans les eaux du Léthé.
Depuis lors nous cherchons au fil ténu des jours,
D'où nous vient ce désir plein de félicité.



14- Le faux sonnet

Comptant un vers, ou plus, de trop c’est un écrit qui ne parait pas (du point de vue typographique) être un sonnet. Mais après « réarrangement des vers « on a la disposition
4+4+3+3

REMISE
 René Char (1907-1988)

Laissez filer les guides maintenant c'est la plaine

Il gèle à la frontière chaque branche l'indique

Un tournant va surgir prompt comme une fumée

Où flottera bonjour arqué comme une écharde


L'angoisse de faiblir sous l'écorce respire

Le couvert sera mis autour de la margelle

Des êtres bienveillants se porteront vers nous

La main à votre front sera froide d'étoiles


Et pas un souvenir de couteau sur les herbes


Non le bruit de l'oubli là serait tel

Qu'il corromprait la vertu du sang et de la cendre


Ligués à mon chevet contre la pauvreté

Qui n'entend que son pas n'admire que sa vue

Dans l'eau morte de son ombre.

15- Le sonnet élisabéthain

Il comporte 3 quatrains à rimes croisées, différentes à chaque quatrain, puis un distique final à rimes redoublées, ce qui donne le schéma (ABAB CDCD EFEF GG). Une autre forme possible est la suivante : (ABAB BCBC CDCD EE).
La forme shakespearienne est ABAB CDCD EFEF GG ou ABBA CDDC EFFE GG. Cette dernière forme n'exige pas plus de deux mots rimant ensemble. Elle est donc d'une extrême simplicité, mais ne respecte pas la structure primitive.

Sonnet “ anglais†Publié sans titre, en 1887. S. Mallarmé

La chevelure vol d’une flamme à l’extrême
Occident de désir pour la tout déployer
Se pose (je dirais mourir un diadème)
Vers le front couronné son ancien foyer

Mais sans or soupirer que cette vive nue
L’ignition du feu toujours intérieur
Originellement la seule continue
Dans le joyau de l’œil véridique ou rieur

Une nudité de héros tendre diffame
Celle qui ne mouvant astre ni feu au doigt
Rien qu’à simplifier avec gloire la femme

Accomplit par son chef fulgurante l’exploit
De semer de rubis le doute qu’elle écorche
Ainsi qu’une joyeuse et tutélaire torche.

Sonnet (W. Shakespeare)

From fairest creatures we desire increase,
That thereby beauty's rose might never die,
But as the riper should by time decease,
His tender heir might bear his memory:

But thou contracted to thine own bright eyes,
Feed'st thy light's flame with self-substantial fuel,
Making a famine where abundance lies,
Thy self thy foe, to thy sweet self too cruel:

Thou that art now the world's fresh ornament,
And only herald to the gaudy spring,
Within thine own bud buriest thy content,

And, tender churl, mak'st waste in niggarding:
Pity the world, or else this glutton be,
To eat the world's due, by the grave and thee.


REGULIER/IRREGULIER

Théodore de Banville (1823-1891) dans “Petit traité de la poésie française†dit du sonnet :
Le sonnet peut commencer par un vers masculin ou féminin.
Le sonnet peut être écrit en vers de toutes les mesures.
Le sonnet peut être régulier ou irrégulier
Les formes du sonnet irrégulier sont très nombreuses et autorisent toutes les combinaisons possibles
Il n’existe cependant qu’une forme de SONNET REGULIER dont voici deux exemples caractéristiques.
Ariane TH. De Banville (1823-1891) (FMMF FMMF MMF MFM)
Dans Naxos, où les fleurs ouvrent leurs grands calices
Et que la douce mer baise avec des sanglots,
Dans l'île fortunée, enchantement des flots,
Le divin Iacchos apporte ses délices.

Entouré des lions, des panthères, des lices,
Le Dieu songe, les yeux voilés et demi-clos ;
Les Thyades au loin charment les verts îlots
Et de ses raisins noirs ornent leurs cheveux lisses.

Assise sur un tigre amené d'Orient,
Ariane triomphe, indolente, et riant
Aux lieux même où pleura son amour méprisée.

Elle va, nue et folle et les cheveux épars,
Et, songeant comme en rêve à son vainqueur Thésée,
Admire la douceur des fauves léopards.
Le Lys de François Coppée (1842-1908) (MFFM MFFM FFM FMF)
Hors du coffret de laque aux clous d’argent, parmi
Les fleurs du tapis jaune aux nuances calmées,
Le riche et lourd collier, qu’agrafent deux camées,
Ruisselle et se répand sur la table à demi.
Un oblique rayon l’atteint. L’or a frémi.
L’étincelle s’attache aux perles parsemées,
Et midi darde moins de flèches enflammées
Sur le dos somptueux d’un reptile endormi.
Cette splendeur rayonne et fait pâlir des bagues
Eparses où l’onyx a mis ses reflets vagues
Et le froid diamant sa claire goutte d’eau ;
Et, comme dédaigneux du contraste et du groupe,
Plus loin, et sous la pourpre ombreuse du rideau,
Noble et pur, un grand lys se meurt dans une coupe.
Pour TH. De Banville le sonnet français ABBA ABBA CCD EDE est seul régulier.
Le sonnet est toujours constitué de deux quatrains et deux tercets.
Dans le sonnet régulier, riment ensemble :
1- le premier, le quatrième vers du premier quatrain, le premier, le quatrième vers du second quatrain ;
2- le second, le troisième vers du premier quatrain, le second le troisième vers du second quatrain
3- le second, le second vers du premier tercet
4- le premier et le troisième vers du second tercet
Donc  ABBA-ABBA-CCD-EDE
[Dans le sonnet français, les deux tercets peuvent constituer un sizain avec un distique à rimes plates CC+ un quatrain à rimes croisées. DEDE.]
Toute modification de ces caractéristiques conduit à un sonnet IRREGULIER.

"La forme du sonnet est harmonieuse, magnifique, il ya de l’allégresse et de la rapidité dans les tercets et du lent et du pompeux dans les quatrains ce qui crée une musicalité spécifique à cette forme. On a comparé le sonnet à une figure au buste trop long et aux jambes trop grêles c’est à l’artifice du poète de rétablir l’équilibre."
Il faut donc grandir les tercets leur donner de l’ampleur de la force, de la magnificence sans leur ôter leur légèreté et leur rapidité d’origine.
Le dernier vers du sonnet doit contenir un trait surprenant excitant exquis ou admirable par sa justesse et son intensité.
Lamartine disait que lire le dernier vers d’un sonnet suffit à le résumer ingénieusement et en renforce le sens.
L’idéal est que le sonnet soit comme une comédie bien faite, chaque mot des quatrains doit préparer au trait final, les tercets apportant un dénouement qui cependant surprend encore.

EXEMPLES DONT ON PEUT TIRER DES REGLES
Un sonnet sans défaut vaut seul un long poème
Mais en vain mille auteurs y pensent arriver,
Et cet heureux phénix est encore à trouver
À peine dans Gombauld, Maynard et Malleville
En peut-on admirer deux ou trois entre mille ; (Nicolas Boileau. L’Art poétique)

1 La voix qui retentit de l'un à l'autre Pole Jean Ogier de Gombauld (1588-1666)
La voix qui retentit de l'un à l'autre Pole,
La terreur et l'espoir des vivans et des morts,
Qui du rien sçait tirer les esprits et les corps,
Et qui fit l'Univers, d'une seule parole.

La voix du Souverain, qui les cedres desole,
Cependant que l'espine estale ses tresors ;
Qui contre la cabane espargne ses efforts,
Et reduit à neant l'orgueil du Capitole.

Ce tonnerre esclatant, cette divine voix,
A qui sçavent respondre et les monts, et les bois,
Et qui fait qu'à leur fin toutes choses se rendent,

Que les lieux les plus hauts, que les lieux les plus bas,
Que ceux qui ne sont point, et que les morts entendent,
Mon ame, elle t'appelle, et tu ne l'entens pas.
2 Adieu Paris, adieu pour la dernière fois François Maynard (1582-1646)
Adieu Paris, adieu pour la dernière fois !
Je suis las d'encenser l'autel de la fortune
Et brusle de revoir mes rochers et mes bois
Où tout me satisfait, où rien ne m'importune.

Je n’y suis point touché de l'amour des thresors ;
Je n'y demande pas d'augmenter mon partage :
Le bien qui m'est venu des peres dont je sors
Est petit pour la cour, mais grand pour le village.

Depuis que je cognois que le siecle est gasté
Et que le haut merite est souvent mal-traité,
Je ne trouve ma paix que dans la solitude.

Les heures de ma vie y sont toutes à moy.
Qu'il est doux d'estre libre, et que la servitude
Est honteuse à celuy qui peut estre son roy !
3 Le silence régnait sur la terre et sur l'onde Claude Malleville (1596-1647)
Le silence régnait sur la terre et sur l'onde,
L'air devenait serein et l'Olympe vermeil,
Et l'amoureux Zéphir affranchi du sommeil
Ressuscitait les fleurs d'une haleine féconde.

L'Aurore déployait l'or de sa tresse blonde
Et semait de rubis le chemin du Soleil ;
Enfin ce dieu venait au plus grand appareil
Qu'il soit jamais venu pour éclairer le monde,
Quand la jeune Philis au visage riant,
Sortant de son palais plus clair que l'Orient,
Fit voir une lumière et plus vive et plus belle.

Sacré flambeau du jour, n'en soyez point jaloux !
Vous parûtes alors aussi peu devant elle
Que les feux de la nuit avaient fait devant vous.

EN GUISE DE CONCLUSION TRÉS PROVISOIRE…


Apollon de son feu leur fut toujours avare.
On dit, à ce propos, qu’un jour ce dieu bizarre,
Voulant pousser à bout tous les rimeurs françois,
Inventa du Sonnet les rigoureuses lois ;
Voulut qu’en deux quatrains, de mesure pareille,
La rime, avec deux sons, frappât huit fois l’oreille ;
Et qu’ensuite six vers, artistement rangés,
Fussent en deux tercets par le sens partagés.
Surtout, de ce Poème il bannit la licence ;
Lui-même en mesura le nombre et la cadence ;
Défendit qu’un vers faible y pût jamais entrer,
Ni qu’un mot déjà mis osât s’y remontrer.
Du reste, il l’enrichit d’une beauté suprême :
(Nicolas Boileau)
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