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Emilie C'est parfois le silence, parfois l'obscurité. Toutes ces routes et ces plaines, Émilie, se souviendront-elles de nous ?
Sais-tu, sais-tu les rumeurs de la mort qui approchent ? Plus rien à entendre, plus rien à retenir.
Tristesse et joie. Tout tombe comme une météorite. On passe par-delà la frontière des êtres et des non-êtres. On est plus jamais seuls. On perd, on disperse, on retrouve.
L'homme retrouve ses limites : l'infini.
Tu n'as qu'à étendre un doigt. Un millionième de seconde a suffi à créer le monde. Un millionième le détruira.
Plein phare dans la nuit tournoyante. Vitesse et temps. Aveugles sur la route, ô jeunesse infernale, jouissance illimitée. Tout pouvoir, tout oser.
Quand refleuriront les flammes de notre enfance ? Fagots bleus et brûlants que l'âtre peine à retenir. Et maintenant... cette mer étale, vois, pâle infortune même pour l'immensité, hélas ! Doit-on toujours souffler, encore s'ébattre jusqu'à la fin ? Il n'est plus de repos.
Ravagés, accablés, tous, nous : les apparences encore. Je voudrais une fin comme un nouveau départ.
Et deux yeux sous la pénombre... et quelle souffrance ! Quelle souffrance si tu savais d'être de n'être pas. Viens, ouvre ce cœur aux effluves de la vie, petit organe brisé. Si affreuse. Si douce.
Tout ce temps à chercher, à promettre. Un astre enfin et jamais plus d'avenir autre que nous. Ces voyages sans mouvement à tourner autour d'un pôle magnétique.
Plonger dans le noir, toi et moi, plonger sur les nerfs des choses. Le rêve est beau, les neiges, les bois et tous ces cris lointains. Ces cris qui ne seront pas les nôtres.
Comme ce serait doux, connaître la sphère d'en face, le monde de l'envers du décor où changés les murs sont franchis, les fenêtres extérieures.
Tisser des toiles de toit en toit, luminaires autonomes, rougeâtres, incandescents à la folie pour le nouveau cortège. Choisi et être choisi.
Émilie, les ténèbres se referment et je ne sais que faire. Parle-moi au milieu de la nuit sans secours et sans rien. Donne au silence ta bouche où se nicher. Il ne faut plus lutter. Un geste, un dernier pour l'énième murmure.
Aux extrémités tout ouvrir. Creuser des univers. Galaxies. Nébuleuses. L'esprit transfuge, crée sa propre drogue.
Tout est rayon à qui choisit de vivre du côté que le miroir ignore, le dessous des hommes.
Avant le sommeil, parle-moi longtemps des choses qui ne sont plus et celles qui seront.
Cette étoile, nous l'avions créée bien avant qu'elle n'existe et comme toutes choses. Tout était, tout est. Et puis révélation : la fin des mots, des signes, du sens. Irrécupérables sans doute mais dignes de mille fardeaux vivants. Demain je crois qu'il s'agira de vivre.
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