Oasis des artistes: Poésie en ligne, Concours de poèmes en ligne - 6528 membres !
S'inscrire
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 


Mot de passe perdu ?
Inscrivez-vous !
Petites annonces
Qui est en ligne
192 utilisateur(s) en ligne (dont 163 sur Poèmes en ligne)

Membre(s): 0
Invité(s): 192

plus...
Choisissez
LouisSeverac
Hébergez vos images
zupimages
Droits d'auteur


Copyright



Index des forums de Oasis des artistes: Le plus beau site de poésie du web / Poésie, littérature, créations artistiques...
   Vos poèmes ***UN SEUL PAR JOUR*** Les "poèmes" érotiques descriptifs ne sont pas les bienvenus sur ce site
     A l'estrémité de l'humanité , journal de bord du radeau de la Méduse
Enregistrez-vous pour poster

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant | Bas
Expéditeur Conversation
yoledelatole4
Envoyé le :  27/8/2013 7:12
Modérateur
Inscrit le: 15/3/2010
De: là où personne ne revient ....
Envois: 32259
A l'estrémité de l'humanité , journal de bord du radeau de la Méduse


Journal de bord du second matelot Philippe Lemaitre du navire de la Méduse

Deux juillet mille neuf cent seize
Heure inconnue
A quelques miles de la Mauritanie

Voilà maintenant quelques heures que nous dérivons à bord de ce radeau de fortune
Je ne serai dire ö combien nous sommmes sous cette lune
Tant d'hommes abandonnés par notre commandant , monsieur Chaumarays
Cent-cinquante
Peut -être deux cent
Il y a une femme parmi nous
Je ne sais son nom
Je doute qu'elle connaisse le mien ....
Et je doute que celà ait quelque importance

Trois juillet mille neuf cent seize
Le peu de ration que nous avions sont maintenant épuisées
Un paquet de biscuits , juste un paquet de biscuits
Et quelques barriques de vin et d'eau
Elles aussi épuisées
Quelques hommes se sont jetés à l'eau
Sans doute dans un espoir meilleur
Ou quelques abandons de cette folie qui nous gagnent
Plusieurs de nos compagnons sont décédés
Certains dont le lieutenant Lescure ont décidés de les jeter par dessus bord
J'ai soif , si soif ,
J'ai faim , si faim ......

Sept juillet mille neuf cent seize
Le vigile qui était a mes cotés vient de mourir
Les étoiles se sont assoupies a notre infortune
La nuit j'entends des bruits , des mots des phrases sont lancées
Les hommes parlent de nourriture improvisée
Mais de quoi parlent ils donc ?
Quelles idées de folie les assaillent ?
Je ne peux me résoudre à dormir
Mon compagnon de naufrage me guette , m'observe incidieusement
La femme qui nous accompagnaient est morte
Ils ont décidés de garder son corps
Sans doute dans l'espoir vain de lui rendre une scepulture , un jour , un autre jour plus lointain
Que dieu ait pitié de nos âmes
Si dieu éxiste encore .

Huit juillet mille neuf cent seize , je crois
J'ai si soif , si faim
La nuit qui à précédé , ils l'ont faient
Cette femme et deux de ces hommes qui ont succombés
Ils l'ont faient
Ce mot que je n'ose prononcer :
Cannibalisme
Les restes et le sang de ces corps en attestent
Comment ont ils put ?
Mes lèvres me brûlent
Et ce vent , ce vent qui hurle
Et les hommes qui crient ,
Qui espèrent un secours de l'humanité
Mais sommes nous encore seulement humains ?

Douze juin mille neuf cent vingt
J'ai bu cette eau salé
je n'aurai pas dut
Mais j'ai si soif encore
Un de mes compagnons m'a offert un morceau de canard
Il était certes cru mais il a apaisé ma faim
Au moins pour quelques heures
Ma mère est venue me rendre visite ce matin
Nous avons parlés de tout et rien
j'ai demandé au matelot Legasquet d'arreter de me regarder fixement ,
Rien n'a changé , j'ai décidé de le jeter par dessus le pont
Lescure est mort , ils l'ont dévorés
Bientöt viendra l'heure du repas , la cloche va bientöt tinter ........

Seize mars mille neuf cent vingt-deux
J'ai mal au ventre , mais oú suis je
J'ai du m'endormir
Nous sommes si peu nombreux
Dix , vingt peut être
Ou est la dame qui nous accompagnaient
Je ne vois d'elle que des lambeaux de sa robe autrefois bleue
Et du sang , partout du sang !
Mon dieu qu'avons nous faient ?
Et oú est ma mère
Oú sont les hommes ?
Mes pieds alors que j'écris sont dans cette eau glacée
Oú est la terre ?
Oú est cette voile qui viendra nous sauver ?
J'ai la gangraine , c'est le médecin qui me l'a annoncé , le canard n'est pas revenu ce matin .

Douze juillet je crois
Année , e ne sais plus
Ait plus la force d'écrire , uste boire encore un peu
Elle m'aide à boire maman
Heureusement elle est là
Et le canard
Mes lèvres brulent
J'ai si soif , maman encore un peu , uste un peu
Uste un peu

Trente trois mars
E m'en vais ailleurs
Ais j'ia maman avec moi
M'en vais aillurs
Aillueiurs

Trente neuf
Soif , si soif , faim
Fin
Si faim


----------------
la nostalgie est un bouquet de fleurs enfoui au fond de votre coeur ,
qui vous embaume quand remontent les souvenirs du bonheur ,
yohann

franie
Envoyé le :  27/8/2013 14:11
Modératrice
Inscrit le: 28/5/2012
De: BRETAGNE
Envois: 39185
Re: A l'estrémité de l'humanité , journal de bord du radeau de la Méduse
Bonjour Yohann

récit particulièrement déroutante, quelle force dans les images, les mots, mourir ou survivre quoi qu'il en coûte, et le délire qui s'installe peu à peu entre deux moments de lucidité. Cela fait froid dans le dos et pourtant.

Un écrit qui interpelle et une force de narration qui me laisse admirative.

Amicalement Franie


----------------

candidao
Envoyé le :  27/8/2013 15:21
Plume de platine
Inscrit le: 22/4/2010
De: Souk-Ahras (l'antique Tagaste)
Envois: 5557
Re: A l'estrémité de l'humanité , journal de bord du radeau de la Méduse
Juste ce qu'il faut de réalisme pour garder le poétique du récit...
Une belle suite où la résignation est dite, puis le délire...
Merci pour ce beau moment de lecture ami Yoledelatole!


----------------
Prière ne pas remonter mes anciens textes, merci
Le tagastin: quand on vit d'amour et de vers, il faut assumer ses coliques!

Badawi
Envoyé le :  27/8/2013 15:50
Plume d'argent
Inscrit le: 12/8/2013
De: MAROC
Envois: 306
Re: A l'estrémité de l'humanité , journal de bord du radeau de la Méduse
Bonjour,bonsoir,Salut

ton propre écho si j'ose dire à ton autre poème sur le radeau de la méduse,mais toujours
l'émotion ne quitte les mots,cette émotion qui habille les vers et raconte l'histoire,les faits,
j'aime cette tendre façon avec laquelle tu approches le sujet,un regard que tu poses toujours
plein de sensibilité.


Badawi,amitié


----------------
"Personne n’est aussi vide que celui qui est rempli de
lui-même.
"
Benjamin Whichcote / 1609-1683/ un penseur anglais
" none are so empty as those who are full of themselves "

Plumedoiseau et halcyon:Thank you

islander
Envoyé le :  27/8/2013 17:41
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 11/4/2009
De: Baltimore, Bretagne
Envois: 57766
Re: A l'estrémité de l'humanité , journal de bord du radeau de la Méduse
bonjour yohann, tu nous fait vivre des moments privilégiés, je ne connaissais pas cette histoire tout à fait étonnante et unique, je la découvre avec admiration, bravos soutenus,


yann



mohaghane
Envoyé le :  27/8/2013 17:55
Plume de platine
Inscrit le: 9/6/2013
De: Kairouan- centre du cœur-Nina
Envois: 8923
Re: A l'estrémité de l'humanité , journal de bord du radeau de la Méduse

Yohann

original....émouvant....beau

qui peut dire que tu ne dis vrai!!!

ça s'imagine

une pensée pour ces morts

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant |

Enregistrez-vous pour poster