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     Les feuilles tourbillonnantes de Sasha...
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Expéditeur Conversation
-Elle-
Envoyé le :  23/1/2015 23:25
Inscrit le: 5/5/2013
De:
Envois: 5
Les feuilles tourbillonnantes de Sasha...

Elle se souvenait...
La nuit s'étirait au bord du lit, le jour encore somnolant. Elle dormait, bien au chaud sous la couverture.
Elle rêvait, de courses et de vent, de feuilles ballottées s'accrochant aux rayons... Elle sautait en riant, tentant de les attraper.
Chaque fois, elles lui échappaient, joyeuses ribambelles valsant sur les courants.

Et puis ils étaient venus... Elle avait vaguement entendu un bruit, un froissement dans l’air, quelques pas, mais les bruits, elle connaissait. Elle y était habituée. Elle était restée là, toute engourdie de sommeil, dans l'abandon du jour naissant.
Elle sentit des mains sur elle, froides, précises.
On l'avait soulevée, serrée dans des bras.
Tout d'abord, elle avait senti son odeur... Une odeur âcre, comme le feu qui brûlait parfois dans la grande pièce du fond. Elle aimait bien le feu, même si ça lui piquait un peu les yeux.
Et là, elle avait regardé, cherchant les flammes...
Elle ne vit qu'un visage inconnu, penché sur elle, des yeux qui ne couvaient aucune braise.

Qui était-il, et pourquoi le laissait-on la prendre ainsi?
Elle chercha sa mère. Nulle trace... Pourtant, elle était toujours là à son réveil.
L'homme lui dit quelque chose qu'elle ne comprit pas. Elle sentait son corps vibrer à chaque mot contre sa poitrine. Elle tenta de se débattre pour qu'il la repose à terre. Il devait y avoir erreur. Sûrement qu'il l'avait confondue avec une autre.
Mais l'homme la tenait fermement contre lui.

Elle entendit encore des mots, une autre personne se trouvait dans la pièce, une voix vaguement familière.
Le jour commençait à poindre, les ombres se déliant laissaient apparaître les contours des meubles.
Le grand bahut en bois clair...la table basse sous laquelle elle aimait se cacher...
Elle vit par la fenêtre les branches s'agiter. Quelques feuilles en roucoulade... Sûrement qu'elle rêvait encore...

Il y eu du mouvement. Quand elle sentit le froid sur elle, elle comprit qu'on l'emmenait.

Non!! Maman!! Laissez-moi!! Criait-elle réellement...
Le vent lui nouait la gorge, glissant à sa respiration ses lames de givre.
Et toujours cette odeur de feu…
Alors qu'une porte claqua, elle crut entendre au loin l'appel de sa mère, égarée dans les ombres en nuances. A ce moment, elle eut envie de pleurer.
L'homme la prit sous les bras, ouvrit une porte et la coucha sur une couverture.
Un souvenir de feuilles et de terre l’emplit.
Elle avait froid et s'emmitoufla du tissu rêche.
Il s'était assis devant, lui tournant le dos. Elle voyait sa nuque se tendre, ses épaules onduler. Elle entendit un bruit étrange, puis un ronronnement, et tout bougea...

Par la vitre, les arbres défilaient, impatients à se tendre, formant une ligne floue, une escorte de ciel. Les nuages s’ourlaient de bleu et de blanc. Un oiseau passa au loin, les plumes perlant de rosée ; la journée serait belle...
Elle sut à ce moment qu'elle ne reviendrait pas...

Elle se souvint du jour où ses frères étaient partis. On l'avait éloignée pour ne pas qu'elle sache.
Qu'aurait-elle fait, du reste... Elle était bien trop petite pour comprendre.
Ce jour-là, elle s’amusait devant le feu, à suivre les reflets dansants. Elle avait entendu des bruits, des voix, et puis plus rien.
Sa mère semblait soucieuse, préoccupée, elle s'en souvint... Ses yeux ne quittaient pas la porte. A un moment, elle s'était penchée à la fenêtre. Tout à son jeu de flammes, elle n'avait pas vu ses yeux s'embuer.
Bien après, elle avait parcouru toute la maison pour trouver ses frères. Ils aimaient bien se cacher pour lui faire peur. Elle avait cru à un nouveau jeu.
Et puis... le temps avait passé...
Elle n'avait retrouvé que leur odeur émiettée dans l'air. Sa mère l'avait regardée, sans rien dire, résignée.
Et puis la vie avait continué, sans eux, elle s'était habituée.
Et maintenant, c'était son tour... Ils l'avaient emmenée, elle aussi, loin de sa famille. Pour toujours... Elle savait bien que cela viendrait, et qu'à ce moment, il lui faudrait beaucoup de courage.
Elle pensa au regard de sa mère...A sa chaleur...
Elle frotta sa joue au tissu rugueux.
Elle n'osait s'assoir. Peut-être que l'homme l'avait oubliée...
Pourtant à un moment, il se retourna, lui adressa quelques mots. Sa voix avait pris de la douceur. Elle l'observa, serrée dans la couverture.
Le balancement lui fit peu à peu fermer les yeux. Peut-être que tout cela n'était qu'un rêve, finalement... Elle se réveillerait, et sa mère serait là, à la câliner...

La chose s'était arrêtée.
Quand les mains de l'homme se posèrent sur son corps, elle comprit qu'elle ne rêvait pas. Il l'emportait, en la serrant contre lui. Elle grelotta...
Une porte... des pas...des chuchotements...Une chaleur l'envahit. Elle se trouvait dans une maison. Une bonne odeur y flottait qui fit grogner son ventre. Elle n'avait pas eu le temps de manger avant de partir.
On la coucha sur ce qui semblait être un matelas.
Elle se recroquevilla tout au fond...
Elle écoutait les voix...
Celle de l'homme, lente et grave, et puis une autre, plus aiguë, aux mots qui se précipitaient.
Quelqu'un s'approcha d'elle, se mit à genoux. Elle vit un visage, aux yeux écarquillés qui brillaient comme des billes cernées d’eau. Elle reconnut une odeur, la même qui s’accrochait à sa mère, quand elle se pelotonnait dans sa chaleur.
Une main s'approcha et se posa doucement sur son dos.
La caresse était légère, la main apaisante.
Elle étira ses pattes et posa son museau contre le tissu moelleux.
Elle pensa aux feuilles tourbillonnantes et ferma les yeux…

Louandrea
Envoyé le :  24/1/2015 13:48
Plume d'or
Inscrit le: 12/6/2009
De:
Envois: 1618
Re: Les feuilles tourbillonnantes de Sasha...
Belle adoption.

Lou, qui ronronne.


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Mes sites web:

http://linktr.ee/sabine_aussenac

Lou, aux nuits rossignol...

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