Voici venu le temps de dresser ce tableau
Qui ressemble à son frère en un jour tout nouveau.
Ce fut un fabuliste, adoubé par la Cour,
Qui peignit le premier cet objet de discours.
Dans l’affaire d’ici le chêne et le roseau
Désiraient sans partage attirer les oiseaux.
Que nul ne voit ici la moindre ressemblance
Avec le sain ballet de la noble assistance.
Ainsi dans sa campagne un jeune jardinier
S’occupait tout le temps à remplir son grenier.
Quand la rude saison rendait la terre ferme
Il protégeait du gel tout fragile épiderme.
Or au fond du jardin se dressaient deux zozos
Deux piliers se voulant toujours être plus beau.
La forte concurrence étalée au grand jour
Forçait tous les regards à faire leur détour.
Et le peuple plumeux sur les deux se posait
Entonnant de plaisir plein de chants qu’il osait.
Rien ne laissait penser que l’horrible nature
D’un soudain coup de vent forcerait la posture.
On ne sut qualifier ce fol évènement
Qui s’abattit, tout net, sur le casernement.
Le chêne résistant mit à l’air sa racine
Et tomba de fracas sur la tige voisine.
L’homme alors dépité se trouva fort contraint
De partir tronçonner le branchage, bon train.
Sciant tout en pleurant mais sans faire la fête
Il emplit sa remise en butin de défaite.
Le chêne fut vendu pour construire un cercueil
Le roseau débité en pipeaux pour accueil.
On ne dure qu’un temps à jouer de guéguerre
Car survient quelque vent qui vous jette parterre.