Chez L’Editeur.

Qu’as-tu donc à trembler ainsi
Mon pauvre cœur, comme un vieux pauvre,
Que viens-tu mendier ici ?
On craint toujours quand on est pauvre.
As-tu peur d’être encore déçu !
Crains-tu qu’on méprise ta peine
Ou qu’un autre malheur survienne
Un de plus passe inaperçu,
Pour nous qui n’avons de veine.

Vieil ami timide et rêveur
N’oses-tu plus croire au bonheur ?
Tu me dis, que comme un faux frère
En vendant tes larmes de sang
Aux indifférents, aux passants
Je méprise ta peine amère.

Rien encore n’est fait vieil ami,
Pourquoi palpiter de détresse !
Nous ne saurons jamais parmi
Ceux que la fortune intéresse.
Sois certain que c’est pour autrui
Si la chance vient aujourd’hui.

Lorsque cette porte sévère
A larges battants s’ouvrira,
Monsieur l’éditeur paraitra
Peut être même il nous dira,
Qu’il ne veut pas de ta misère.

Alors nous mettrons ce nouvel affront
Avec ceux qui sont déjà dans ma poche,
Et nous sortirons sans faire un reproche
En trainant le pas et baissant le front.

Mais nous partirons sans perdre courage,
Et notre casquette à la main.
Comme un ouvrier cherchant l’ouvrage,
Nous reviendrons encore demain.


Nicole Clément Keusser

Chez L'Editeur