Havre de paix,
Isolée au milieu d’une prairie, accrochée au flanc de la montagne
Une vieille bâtisse, ancienne bergerie, probablement
Surveille l’unique chemin, qui monte de la vallée
Encore endormie, sous sa couette de brumes matinales.
Un vieux mûrier presque dégénéré, a élu domicile près de la porte d’entrée
Quelques unes de ses branches chétives, griffent de leurs dernières forces
Les pierres du mur, blanchies par le temps et les éléments
Invitation à la curiosité, la porte d’étable est grande ouverte
Atelier d’artiste ou refuge d’ermite moderne, en mal de solitude
L’unique pièce spacieuse, peu meublée mais avec goût
Un Ă©pais tapis Ă©tale ses franges sur le parquet grossier
Près de la fenêtre, posée sur un chevalet, une toile inachevée
En sourdine, une voix de femme interprète les paroles d’une chanson
Dans une langue, à la fois proche et différente de l’espagnol
Accrochée au dessus de la pierre à évier, une tresse de petits piments
Devant la cheminée, un fauteuil recouvert d’une indienne froissée
Absorbé par la contemplation de la toile, représentant une jeune femme
Resplendissante dans sa robe rouge, les bras croisés sous sa poitrine
Retiennent un châle noir qui lui couvre élégamment les épaules
Je ne remarque pas, dans l’âtre, une cigarette qui se consume, sur le filtre du rouge à lèvre
L’artiste n’a pas encore représenté les mains de son modèle
La voix fredonne toujours la chanson, les paroles me sont toujours inconnues
Le calme du lieu, m’incite à continuer mon exploration
Je me déplace, sous mes pas le parquet gémit
Sous l’épais tapis, je découvre une trappe, je la soulève
Dans la pénombre d’une cave, j’aperçois quelques caisses en bois
Randonneur aguerri, de ma ceinture je décroche une torche, éclaire ma découverte
Ce que je lis me fait frémir, des caisses d’explosifs !
Les paroles de la chanson me parviennent plus fortes, le timbre plus marqué
Sous le poids de pas qui ne sont pas les miens, le parquet gémit
Je me retourne, une ombre, un Ă©clair, un bruit assourdissant
Un choc dans la poitrine, une brûlure, un trou noir
Allongé sur le parquet grossier, j’aperçois devant moi une silhouette
Resplendissante dans sa robe rouge, les bras croisés sous sa poitrine
Retiennent un châle noir qui lui couvre élégamment les épaules
Dans l’une de ses mains, un pistolet le canon fumant, je sombre dans le néant
Isolée au milieu d’une prairie, accrochée au flanc de la montagne
Une vieille bâtisse, ancienne bergerie, probablement
Surveille l’unique chemin, qui monte de la vallée
Le soleil a chassé la brume, une belle journée se prépare.
Kernanet
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D'une succession de mots naissent des phrases qui font des histoires de tout et de rien....
"Alain"