C’était une région montagneuse où le vent, de tout temps, soufflait, sifflait quand il était serein, hurlait quand il bavait de fureur dérangé qu’il l’était dans son long travail d’usure. Dans les villages, les habitants devenaient fous de devoir le supporter, déments quand ils abandonnaient leurs métiers, laxistes en laissant dépérir la terre. Les bâtisses s’écroulaient. Perdant tout lien, toute solidarité entre eux, ils se déchiraient à un tel point qu’un désert naquit de ce champ de bataille. Le vent satisfait virevoltait de plaisir. Auparavant, il soufflait en s’insinuant ; maintenant, il chuchotait en régnant. Ce qu’il ignorait, est qu’il façonnait son propre destin, sa propre fin. L’écrivain, les artistes plus généralement, clandestins, à l’aide de leurs outils sacrés, semaient tel du pollen nomade, leurs mots et ses idées, leurs chants, leurs musiques… au gré des courants d’air dont le vent se servait comme une arme funeste, que l’artiste utilisait comme un complice qui ignorait ce qu’il préparait. Ces courants transportaient ainsi les minuscules particules de leur propre perte. Déposées ainsi sur le sol, elles s’enterraient par protection et germaient le moment venu, le contexte réuni, pour donner naissance à une variété infinie d’essences. Le vent, même le plus violent ne réussissaient pas à déraciner, à assécher ces végétaux issus de leurs propres activités et par conséquent avertis des dangers qu’ils couraient, autrement dit, ils les anticipaient. Attirant l’humidité, s’en délectant, ils la gardaient, en prenaient soin. Ils alimentaient les sources taries. Les cours d’eau asséchées, les fontaines silencieuses se remirent à chanter. Des hommes et des femmes revinrent au pays, des villages sortirent de terre, des cultures virent le jour, le cri des enfants qui jouaient et les chants des oiseaux qui nichaient dominaient ce vent qui fut maîtrisé par des frondaisons hautes, fortes, verdoyantes, à travers lesquelles, le soleil, le soir, se couchait, rouge qu’il était, repeignant ainsi toute la région d’une note d’espoir.
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Biographie d’Edmond Michon.
Edmond Michon est né le 2 janvier 1957 à Suresnes dans les Hauts de Seine. En 1982, il est titularisé après trois ans de formation à l’école normale et accepte un poste en Zone d’Education Prioritaire à Nanterre dans le ...