Enfant, C'est Pour Ton Bien...
Au plus clair de son enfance,
Quelle bataille avait eu lieu?
Les parents ont cru en leur chance,
En y plantant en lui, leur Dieu!
Dans son petit coeur de lune,
Un oiseau chantait, couvait....
L'enfant était un carillon qui s'allume,
Halo d'un passé qui rêvait!
A l'amont d'une grande rivière,
Il voyait des milliers de poissons;
En riait même... et fier
S'y jetait avec abandon!
L'eau était remuante, tortueuse,
Son corps nageait en hésitant;
Mais tout près, une voix radieuse
Le guidait, ferme, sûrement.
C'était une ombre qui suivait sa lumière,
En laissant, de côté, ses émotions...
Comme une toile tissant ses fils de verre,
Elle le manipulait dans sa douce prison...
Vinrent les premières blessures,
D'un destin consumé dans l'intimidation...
L'adolescent n'y décryptait pas les césures
Qui l'éloigneraient des révolutions!
Enfant victime de la pédagogie noire,
En portant sur d'autres son venin,
Il avait enfin trouvé là son exutoire,
Amer tourbillon d'un aveugle refrain...
20/03/2012
Extraits du livre de Alice MILLER:" C'EST POUR TON BIEN", aux Editions Aubier. Elle est Psychanalyste.
1 Ce serait un vestige de la prétention féodale de croire que seules les "masses incultes"seraient sensibles à la propagande, alors que nous avons pu voir à maintes reprises les intellectuels se laisser aisément gagner à la cause de différentes dictatures. Aussi bien Hitler que Staline avaient des adeptes étonnamment nombreux parmi les intellectuels qui leur vouaient une admiration passionnée. L'aptitude à ne pas refuser la réalité perçue ne dépend pas le moins du monde de l'intelligence mais du rapport au moi authentique. L'intelligence peut au contraire aider à faire d'innombrables détours lorsque l'adaptation est nécessaire. Les éducateurs l'ont toujours su et utilisé à leurs fins suivant la formule selon laquelle le plus intelligent cède tandis que le plus sot s'obstine. Dans un traité d'éducation, H. Grünewald( 1899) écrit par exemple " Je n'ai jamais trouvé d'entêtement chez un enfant intellectuellement avancé ou présentant des qualités d'esprit supérieures". Plus tard, une fois adulte, un enfant possédant ces dons pourra faire preuve d'une extraordinaire perspicacité pour critiquer les idéologies diverses -- et même dans la période de la puberté les représentations réelles de ses propres parents---, parce qu'il dispose dans ces cas-là de ses facultés intellectuelles intactes. Mais à l'intérieur du groupe auquel il appartient lui-même( un courant idéologique ou une école théorique, par exemple) qui reflète la situation familiale de l'enfance, cet être conservera une docilité naïve et une incapacité de critique qui semblent démentir les qualités brillantes qu'il montre par ailleurs. C'est que se perpétue là de façon tragique la dépendance très ancienne vis-à vis des parents tyranniques, dépendance qui demeure --- comme le veut la " pédagogie noire " ---- cachée. C'est ainsi par exemple que Martin Heidegger était tout à fait capable de se démarquer de la philosophie traditionnelle et d'abandonner ce faisant les maîtres de son adolescence tandis qu'il ne sut pas déceler les contradictions de l'idéologie hitlérienne qui devaient pourtant apparaître de façon évidente à son intelligence. C'est qu'il vouait à cette idéologie la fascination infantile et la fidélité qui n'autorisent pas la critique ( Alice Miller, 1979.)
Sachez que je n'ai aucune connaissance sur ce sujet, une dame ouverte d'esprit me l'a prêté, ainsi que d'autres. Ce livre m'a bouleversé, je l'ai lu, relu. Je ne connaissais pas la pédagogie noire qui a causé beaucoup de dégâts par le passé, touchant nos parents... et nos grands-parents.... Je replongerai à nouveau dans cet ouvrage pour savoir si elle continue à faire des ravages? Il existe une solution, la méthode de la pédagogie blanche, pourtant l'auteur doute s'il elle existe. Voici les règles: 1 Respect de l'enfant; 2 Respect de ses droits; 3 Tolérance pour ses sentiments; 4 Volonté de tirer de son comportement un enseignement sur:
à ) la nature de cet enfant en particulier;
b) leur propre nature d'enfants, qui permette aux parents un véritable travail du deuil:
c) sur les lois de la sensibilité, qui apparaissent bien plus nettement chez l'enfant que chez l'adulte, parce que l'enfant vit ses sentiments de façon bien plus intense et, dans les meilleurs des cas, de façon bien plus directe que l'adulte.
Enfin, vers la fin du livre, elle garde espoir. Un homme averti en vaut deux, dit-on....
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Je crois qu'il n'y ait eu guère d'auteurs qui aient été contents de leur siècle. Vauvenargues.